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71ème Concours Long-Thibaud-Crespin (violon) – Un Premier Grand Prix russe – Compte-rendu

Dédiée au violon, la 71ème édition du Concours Long-Thibaud-Crespin réunissait ses cinq finalistes au Théâtre des Champs-Elysées pour une ultime épreuve concertante accompagnée par l’Orchestre national des Pays de Loire dirigé par Pascal Rophé. La soirée a successivement permis d’entendre Frederike Starkloff (24 ans, Allemagne), Hildegard Fesnau (19 ans, France), Aylen Pritchin (27 ans, Russie), Naoka Aoki (22 ans, Japon) et Kyung Ji Min (19 ans, Corée) que, pour notre part, nous découvrions tous à l’occasion de cette épreuve. Présidé par Salvatore Accardo, le jury (au sein duquel la France était représentée par Geneviève Laurenceau) a établi le Palmarès suivant, ici accompagné de commentaires fondés donc sur la seule finale-orchestre.
 
Premier Grand Prix ( + Prix Sacem), Aylen PRITCHIN a sûrement bénéficié d’un âge et d’une expérience déjà solide du concert dans le Concerto n°1 de Chostakovitch. Il lui aura fallu une belle solidité nerveuse en effet pour affronter cette redoutable partition avec le handicap d’un accompagnement orchestral très imprécis et à la traîne. Le jeune homme est parfois bien seul pour défendre l’Opus 99 et montre malgré cela assurance, style, qualité d’intonation. Son interprétation manquait de noirceur et de violence dramatique, mais il était bien loin d’en porter seul la responsabilité. A l’évidence, le choix de jury allait osciller entre lui et Naoka AOKI. Celle-ci a finalement remporté le Deuxième Grand Prix avec un Concerto de Sibelius dont la concentration poétique, la pureté de ligne, l’émotion contenue et un aplomb qui en imposait à l’orchestre ont abouti à ce qui nous semble constituer la prestation la plus convaincante de la soirée. Mais le choix des jurés se fonde sur l’ensemble des épreuves... Il est à noter toutefois que le Prix Prince Albert II de Monaco (pour le meilleur concerto) est revenu à la finaliste japonaise…
 
Troisième Grand Prix, Frederike STARKLOFF aura probablement montré d’autres qualités musicales les jours précédents. Nous sommes en tout cas resté de marbre face à un Concerto op. 77 de Brahms, certes épuré, mais d’une froideur et d’un manque d’engagement et de saveur (quel triste finale !) franchement rédhibitoires.
 
Avec le Concerto op. 64 de Mendelssohn qu’elle a signé, Kyung Ji MIN (Quatrième Prix), méritait objectivement de devancer la candidate allemande. La frêle Coréenne a séduit par la pureté d’une interprétation à laquelle ne manquait qu’un peu plus de jubilation intérieure. Elle n’a que 19 ans, on entendra reparler d’elle…
 
Malgré son beau tempérament, son engagement, ses prises de risques, Hildegard FESNAU (Cinquième Prix) n’est hélas par parvenue à convaincre dans le Concerto de Sibelius. A l’évidence déstabilisée par un médiocre accompagnement orchestral, elle a été confrontée à des problèmes d’intonation et s’est montrée à la peine dans de difficultueux passages. On en est d’autant plus triste que de très beaux échos nous sont parvenus de sa finale récital.
 
Une question enfin, pourquoi avoir supprimé le Prix du Public, outil essentiel de l’appropriation d’un concours par ses auditeurs ? Puisse le Concours Long-Thibaud-Crespin 2015, dédié au piano, revenir sur cette décision.
 
Alain Cochard
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 20 novembre 2014

Photo (de gauche à droite) : Aylen Pritchin, Naoka Aoki, Frederike Strarkloff, Kyung Ji Min, Hildegarde Fresnau) © Hervé Boutet

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