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​43ème Festival international de l’Abbaye de Sylvanès – Musiques en dialogue

Le nom de Michel Wolkowitsky est indissociable de Sylvanès. En 1975, il était déjà aux côtés du Père André Gouze et d’une association qui, à partir de cette date, a œuvré pour la restauration de l’abbaye cistersienne. C’est à lui aussi que l’on doit la création en 1977 d’un Festival international qui a gagné en renommée avec la labellisation en 2015 de Sylvanès comme Centre Culturel de Rencontres (CCR).
A l’instar de chacun des CCR français (1), Sylvanès présente une spécificité que résume la formule « Musiques et dialogue des cultures ». Musiques profanes ou sacrées. Christianisme, Judaïsme, Islam, Bouddhisme, traditions animistes : l’abbaye occitane a pris l’habitude d’accueillir les expressions les plus variées de la spiritualité avec, depuis quelque années, une place accrue réservée à la musique contemporaine et à la création.
 

 Michel Woltkowitsky © DR

A Sylvanès comme ailleurs, les effets de la crise sanitaire se sont fait sentir. « Nous avons connu une longue période d’attente, d’incertitude, avec l’épée de Damoclès d’une possible annulation, confie M. Wolkowitsky, mais j’ai toujours pensé que nous arriverions à faire quelque chose. La réouverture du CCR a eu lieu le 20 juin ;  les stages et les masterclasses ont alors repris dans le respect des normes sanitaires. »
Celles-ci ont évidemment conduit le Festival international de Sylvanès à revoir de fond en comble sa 43e édition pour passer de 35 à 15 concerts –  avec l'annulation des programmes avec chœur et orchestre, des interprètes venant d'en dehors de l'espace Schengen et certains changements imposés par la complication des déplacements (The Curious Bards, prévus le 9 août, ont pour ce motif été remplacés par les Musiciens de Saint-Julien de François Lazarevitch).
Réinventé, le festival n’aura toutefois pas totalement rompu avec ses choix initiaux dans la mesure où le directeur « a tenu à garder les chanteurs solistes prévus pour les oratorios et les créations » en bâtissant de nouveaux programmes autour d’eux . On en a eu un exemple lors de la soirée inaugurale, le 26 juillet, occupée par des « Fantaisies françaises » à huit voix. Une soirée qui a permis à M. Wolkowitsky et son équipe de mesurer l’enthousiasme des auditeurs et la place que Sylvanès occupe dans la vie culturelle de la région : « Nous avons été touché par l’accueil du public, par ses remerciements pour le maintien du festival.»

 

Michel Piquemal © Greg Alric
 
D’ici à la toute fin du mois d’août, le 43e Festival promet de faire bien des heureux grâce au fructueux dialogue qu’il instaure une fois de plus entre les cultures, les musiques savantes et populaires ; des derviches tourneurs syriens du groupe Bab Aslam aux polyphonies corses, aux chants traditionnels des Balkans ou à musique chorale française et nordique des XXe et XXIe siècles.
 
Qui dit musique chorale à Sylvanès songe évidemment à Michel Piquemal, grand fidèle du lieu depuis de longues années. La crise sanitaire a contraint à une réduction des effectifs vocaux, mais le chef sera bien au pupitre, comme prévu, le 15 août, pour un concert avec douze chanteurs, et le 16 pour la MisaTango de Martin Palmeri – partition que Piquemal a déjà fait applaudir à de nombreuses reprises.
 
L’ouverture à la musique contemporaine de l’Abbaye de Sylvanès s’illustre aussi par la résidence qu’elle offre à Raphaël Lucas (photo, né en 1983) depuis l’an dernier. Une personnalité pour le moins singulière : d’origine sétoise, formé aux Etats-Unis (où son opéra Confession (2) a reçu, en 2010-2012, le Premier Prix de l’opéra de chambre contemporain de la National Opera Association), l'artiste est à la fois compositeur et photographe. Sylvanès avait programmé pour cette année la création de son oratorio sur Serge de Radonège, saint patron de la Russie ; vaste ouvrage pour récitant, solistes, chœurs russe et français et ensemble instrumental.
On le découvrira l’an prochain, mais la soprano Delphine Mégret, qui aurait dû y participer, reste à l’affiche pour un concert (28/08) associant des mélodies de Debussy et R. Lucas à la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy (par Sandrine Tilly, Clara Cernat et Nabila Chajai) et à la transcription (par R. Lucas) du fameux Prélude à l’après-midi d’un faune.
Quant au concert de clôture (30/08), confié au Chœur de chambre Êkhô dirigé par Caroline Semont-Gaulon, il mêle des réalisations a cappella de R. Lucas à des pièces signés Poulenc, Ravel, Machuel, Erikson, Pärt et Sisak.
 
Alain Cochard
(Entretien avec Michel Wolkowitsky réalisé le 30 juillet 2020)

 (1)         Liste des CCR : www.accr-europe.org/membres
(2)         L’ouvrage a été enregistré sous la direction de Hugh Murphy (1 CD Albany Records bit.ly/2PjVvAA )
 
43ème Festival de l’Abbaye de Sylvanès
Jusqu’au 30 août 2020
www.sylvanes.com
 
Photo © Cédric Matet

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