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20ème Festival de Pâques de Deauville – C’était en avril 97 ...

Le Festival de Pâques de Deauville fête ses vingt ans ; il les a toujours eu d’ailleurs et ne semble pas près de changer. Curieux de talents nouveaux et de partitions méconnues, quand tant de programmations jouent la carte « zéro risque » ou simili-audace, il fait souffler chaque printemps une grande bouffée d’air frais dans le paysage musical français – ce qui ne lui fait aucun mal ... – grâce au goût et au flair uniques de son directeur artistique Yves Petit de Voize.
 
Yves Petit de Voize © Yannick Coupannec

Depuis deux décennies, par le jeu de la cooptation, trois générations – ou quatre ; avouons qu'on s’y perd un petit peu, mais qu’importe – se sont succédées à Deauville. « Une famille de cœur » : la formule d’Alexandra Soumm résume l’esprit du Festival de Pâques (et de son petit frère depuis 2002 l’Août musical (1)). De Jérôme Ducros (photo) – membre fondateur du festival avec Renaud Capuçon (photo), Nicholas Angelich et Jérôme Pernoo – au Quatuor Hermès, talentueux nouveau venu, on trouvera ici quelques témoignages de membres de cette famille.
Leur lecture dit mieux que tout pourquoi Deauville se révèle tellement singulier et irremplaçable, et ne fait qu’attiser l’envie de découvrir une riche 20e édition qui, du 23 avril au 27 mai, trois week-ends et neuf concerts durant, promet de combler le mélomane – dans une salle où l’on aime les chevaux, mais pas seulement !
 
Alain Cochard

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(1) La 15ème édition de l’Août musical se tiendra du 29 juillet au 10 août 2016
 
 
 
Jérôme DUCROS (piano)

Renaud Capuçon & Jérôme Ducros © Claude Doaré

Au commencement, nous n’y avons pas cru


Qu’il me soit permis aujourd’hui de l’avouer : au commencement, nous n’y avons pas cru.
Certes, Yves nous avait chaleureusement accueillis chez lui, et patiemment écoutés. Certes, nous avions plaidé avec fougue la cause qui nous menait à lui. En fallait-il, de l’aplomb, d’ailleurs : à peine affranchis de nos études, nous exigions, séance tenante, un lieu magnifique dont nous disposerions dix jours par an pour jouer de la musique de chambre entre amis, et en public. Programmes et invités à notre discrétion, cela va sans dire. Rémunération bienvenue.
Certes, notre hôte, bienveillant, nous avait promis de chercher. Certes, quelques mois plus tard, il nous avait convoqués à Deauville, dans une salle de vente de chevaux – quelle idée, je vous demande ! – étonnamment bien appropriée, supposait-il, à l’exercice de la musique de chambre. C’est ce que nous allions voir. Ceux qui le pouvaient prirent leurs instruments pour les faire résonner sur place, et nous voilà partis. Bigre ! La salle était belle et sonnait bien. Jauge idéale, environnement inspirant, hôtels somptueux, les planches à quelques encablures : nous avions un peu l’impression de ne pas pouvoir trouver mieux. Tout cela semblait donc étrangement parfait. Méfiance, Perrette aussi avait de beaux projets.
 
Contribution radicale et douloureuse à notre scepticisme, de nombreux mois passent alors sans aucune nouvelle. Nous nous résignons peu à peu. Après tout, c’était prévisible. Nous en avons trop demandé, nous trouverons bien une autre solution.
Et puis, fin 96, alors que nous n’attendons plus grand chose, Yves nous appelle. Voilà, on a la salle, le financement, les hôtels, le festival peut naître. Ce sera à Pâques. Nous gribouillons à la hâte un programme : dix concerts, vingt chefs-d’œuvre, pourquoi se priver ?, nous n’avons plus qu’à les apprendre. Quatre mois plus tard nous y sommes. Répétitions, rires, rencontres, amitié, allégresse. Trac, aussi ; et concerts, enfin ! Joie insouciante, irrépressible et inoubliable. L’âge de tous les possibles, nous l’avions atteint ; le lieu, nous l’avions trouvé.
C’était en avril 97, nous venions d’arriver à Deauville. Vingt ans après, nous n’en sommes toujours pas revenus.
J.D.
 

 Lise BERTHAUD (alto)

© Neda Navaee

Le festival m'a vu grandir et m'épanouir comme aucun autre
Résumer le Festival de Deauville est tout simplement impossible. Depuis seize ans je n’ai jamais manqué à l'appel de ce rendez-vous incontournable.
C'était mes débuts sur scène, toutes les œuvres étaient nouvelles alors, premier Quintette de Schumann avec Augustin Dumay, premier Octuor de Mendelssohn avec Renaud Capuçon, et je pourrais en citer des dizaines toutes jouées à la salle Elie de Brignac.
Le festival m'a vu grandir et m'épanouir comme aucun autre, je m'y sens comme chez moi. J'adore retrouver l’ambiance du public fidèle et connaisseur qui m'a connu adolescente et nos soirées post concerts 
Longue vie au festival de Pâques !

L.B.
 

Julien CHAUVIN (violoniste et chef du Concert de la Loge xxxxxxxxx)

© DR

Des moments de grâce 
En l'an 2000, j'ai eu l'immense chance de pousser la porte du festival grâce à mon mentor de l'époque, Jérôme Pernoo, et j'ai pu vivre des émotions inoubliables.
Ecouter au rang de spectateur les répétitions de Marc Minkowski, une nuit transfigurée d'anthologie avec Renaud Capuçon… Puis est venu le temps de jouer dans l'orchestre du festival, de côtoyer d'immenses artistes (Augustin Dumay, Sylvia Schwartz), d'enregistrer des premières mondiales (Missa pro defunctis de Cimarosa), et de créer un peu plus tard en 2005 avec Jérémie Rhorer, le Cercle de l'Harmonie, joyau né à Deauville.
Ce furent des moments de grâce en compagnie de Philippe Jaroussky (Stabat Mater de Pergolèse),  de Marion Harousseau (extraits des Mariages Samnites de Grétry), de Lise Berthaud (quintette à deux altos de Mozart)... Avec toujours un sentiment de grand respect, d'estime et d'admiration pour tous les artistes du festival. Un esprit loin de toute "compétition" sur lequel Yves veille depuis près de vingt ans.

J.C.
 

Quatuor ARDEO  

© Franziska Strauss 

Chercher, offrir, partager et grandir
La première fois que je suis allée à Deauville, j'étais impatiente, désireuse, de pouvoir enfin découvrir ce festival, réputé vivier de musiciens exceptionnels.
 Défricheur de talents, programmes ambitieux pour les interprètes mais également pour le public, je n'ai pas vu de lassitude ou de programmes faciles et vendeurs, mais toujours une réunion d'artistes qui aiment, plus que tout peut être, la musique et qui souhaitent la partager.
Pour moi, c'est cela le festival de Deauville, des expériences musicales et humaines, des rencontres mais surtout une émulation permanente à toujours chercher, offrir, partager et grandir en tant qu'artiste mais également en tant qu'être humain.
Longue vie ! Et Bravo !!

Carole Petitdemange (Premier violon, aux côtés de Mi-Sa Yang, Yuko Hara & Joëlle Martinez)
 

 

Alexandra SOUMM (violon)
© Claude Doaré

Chacun apprend de l’autre
Ma première venue au Festival de Deauville remonte à 2010. Six années déjà ! Six années de partage, de vraies découvertes musicales, ainsi que d'œuvres plus célèbres que je n'osais pas approcher, et qu'Yves, avec son don de persuasion, m'a amené à jouer, adorer, et ne plus en avoir peur.
Au-delà de tout, Deauville représente pour moi une famille de cœur, un endroit où l'on peut être soi-même, et la maison dans laquelle tant d'amitiés se sont liées. Chaque musicien, si différent, y apporte sa personnalité, sa fougue, son calme, son humour, sa tendresse, son approche du texte et de la vie. Et chacun apprend de l'autre. N'est-ce pas là le but d'une société, quelle qu'elle soit ?
 
Victor, Adrien, Amaury, Pierre, Mi-Sa, Lise, Jérôme, Guillaume, Armelle- tant de personnalités touchantes, profondes et inspirantes qui m'ont ému et tant appris. Je serai toujours reconnaissante à Yves de m'avoir fait rencontrer Ismaël, devenu ces dernières années mon frère de cœur, et mon binôme dans énormément de projets humanitaires.
Deauville, c'est aussi l'équipe qu'il y a derrière, des administrateurs aux ingénieurs du son, des
photographes aux bénévoles et aux stagiaires, qui, derrière la scène, font un travail exceptionnel pour que nous, musiciens, nous sentions à la maison, soutenus, et libres.
Et bien sûr, que serait le festival de Deauville sans Yves ? Son instinct pour mettre ensemble les artistes et les œuvres reste une énigme pour nous, qui sommes portés d'année en année par l’élément déclencheur de tout : son amour de l'art et des musiciens.
A.S.

David KADOUCH (piano)

David Kadouch
© DR

Une totale liberté dans ce que je veux entreprendre
Je me souviens de mon «premier » Deauville. Yves Petit De voize m’avait confié la lourde tâche de jouer la Suite En plein air de Bartók. Clairvoyant comme toujours, Yves savait déjà que l’oeuvre serait un ajout unique dans mon repertoire. Dix ans plus tard, et avec lui encore dans la tête, je me décide à l’enregistrer.
  
Mon premier Deauville c’est aussi ma première rencontre avec le Quatuor Ebène, coup de foudre immédiat avec des musiciens uniques, des humains si généreux. Mes Deauvilles d’après, ce sont des rencontres, des repères dans une vie de musicien, toujours avec ce sentiment d’être accompagné par cette rencontre, ce directeur, ce lieu de rendez vous pour des musiciens qui forment presque une famille. Une famille qui se réunirait une à deux fois par an pour faire de la musique près de la mer.
Deauville c’est avant tout, l’un des premiers festivals qui m’a fait confiance, et qui me donne une totale liberté dans ce que je veux entreprendre. Merci à ce lieu unique, d’avoir été là pour moi à travers toutes ces années.
D.K.

 

Guillaume VINCENT (piano)
© guillaumevincent.net

Ce festival qui m’est si cher ...


Yves Petit de Voize été un mentor essentiel dans ma vie de jeune musicien.
Il a été l'un des premiers directeurs artistiques à m'accorder sa confiance et son soutien. Alors que j'étais âgé d'à peine seize ans, Yves m'a invité à participer au Festival de Deauville, ce qui m'a permis de découvrir l'univers de la musique de chambre et de collaborer avec des musiciens exceptionnels qui, en plus de devenir des partenaires complices et réguliers, sont devenus, au fil des années, des amis. 
C'est une joie d'être présent pour la célébration des vingt ans de ce festival qui m'est si cher.
G.V.

 

 
Quatuor HERMES
© Jean-Claude Capt
 

Vers des terres inconnues
Alors que nous avions passé deux années à Berlin, nous avons rencontré Yves dès notre retour à Paris. De la Fondation Singer-Polignac (1) au Festival de Deauville, il n'y a qu'un pas. L'une est aujourd'hui un incroyable lieu de travail pour nous et l'autre nous a conduit vers de belles rencontres musicales et humaines.
 
Le Festival de Deauville permet à un ensemble constitué comme le notre de sortir de son quotidien de vie en partageant musique et vie commune avec d'autres musiciens. C'est aussi l'occasion de découvrir un nouveau répertoire grâce à Yves et ses programmations qui nous emmènent souvent en terres inconnues ! C'est aussi beaucoup de bons souvenirs comme celui d'un concert un dimanche matin de pâque 2014. On y joue le Concertino de Janáček, les micros sont installés pour une captation live, et au loin les cris des mouettes...
Omer Bouchez, Elise Liu, Yung-Hsin Lou Chang & Anthony Kondo

(1) Site de la Fondation Singer-Polignac : www.singer-polignac.org/fr/
 

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20ème Festival de Pâques de Deauville
Du 23 avril au 7 mai 2016
Deauville – Salle Elie de Brignac
Programmation : www.musiqueadeauville.com
Rés. : www.badgecid.com

 

 
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