Disparu en 2000 à seulement quarante-trois ans, le compositeur autrichien Gerhard Schedl avait fait du théâtre musical l’un de ses principaux champs d’investigation. C’est donc tout naturellement à ce genre qu’est dédié le prix de composition de la Fondation BNP Paribas a créé, sous le patronage de la Neue Oper Wien, en hommage à l’artiste disparu.

« Il témoigne d’un souci d’articuler la dimension littéraire et la dimension théâtrale et musicale – le livret et la partition. Je suis séduit par l’attention portée à l’entente, à l’union, à l’harmonie entre le librettiste et le compositeur », nous confiait le metteur en scène Christian Gangneron en mai dernier au moment du lancement officiel du Concours de théâtre musical Gerhard Schedl (Lire l’interview complète).

Constitué de Johannes Erath(metteur en scène),Christian Gangneron, Detlev Glanert (compositeur), Paul Griffiths (musicologue et librettiste), Hannes Heher (compositeur et vice-président de l’Association des compositeurs autrichiens), Peter Keuschnig(chef d’orchestre), Walter Kobéra (directeur artistique de la Neue Oper Wien), Hans Landesmann (directeur artistique de la Biennale de Salzbourg), Birgit Meyer (Dramaturge en chef de la Volksoper de Vienne) et Angela Pachkovsky (représentante des Editions Doblinger, qui assurent l’édition de l’ouvrage primé), le jury n’aura pas chômé pour cette 1ère édition du Concours Gerhard Schedl !

Bien que lancée assez tardivement, elle a en effet attiré un peu plus d’une soixantaine de candidatures (comportant le livret + une dizaine de minutes de musique) issues aussi bien d’Europe, que d’Amérique du Sud, d’Australie, du Japon, de Singapour ou des Etats-Unis. Si la moyenne d’âge des candidats se situait autour de la trentaine, on a toutefois vu des dossiers de concurrents bien plus jeunes – ainsi ce tandem compositeur/librettiste de… 15 et 14 ans !

Aux termes des délibérations, le choix du jury s’est porté sur le projet du jeune compositeur allemand Markus Lehmann-Horn et l’annonce du prix, doté de 25000 euros, s’est faite à Vienne le 10 décembre lors d’une conférence de presse réunissant en particulier, outre le lauréat, Walter Kobéra et Martine Tridde-Mazloum, Déléguée Générale de la Fondation BNP Paribas.

Né en 1977 à Munich, pianiste et guitariste de formation, Markus Lehemann-Horn a étudié la composition avec Tobias PM Schneid entre autres et a jusqu’à présent beaucoup écrit pour la télévision et le cinéma. Grand admirateur de Berg, l’artiste aura trouvé l’occasion avec le Concours Schedl de revenir au thème qui a inspiré son illustre devancier. Intitulé « Bruder Woyzeck-Traumfalle » (Frère Woyzeck-Piège à rêve), le projet de Markus Lehmann-Horn s’appuie sur un livret de son cru nourri d’un roman de Michael Schneider – écrivain avec lequel le compositeur à travaillé pour l’élaboration de son texte.

Reste maintenant pour Markus Lehmann-Horn à achever avant la fin 2010 une partition qui sera créée durant la saison 2011-2012. On sait déjà que l’ouvrage fera appel à un effectif instrumental de 17 musiciens et que l’électronique n’y sera utilisée que de façon très ponctuelle. D’une durée de 90 minutes environ, il est présenté par son auteur comme « une pièce de théâtre dans une pièce de théâtre » ; une mise en abyme du drame de Büchner qui ouvre grandes les portes d’une réflexion sur l’univers théâtral pris dans sa globalité.

Inscrite dans la saison 2011-1012 de la Neue Oper Wien(1), la création de « Bruder Woyzeck » se tiendra dans un lieu et sera confiée à un metteur scène encore à déterminer.

Alain Cochard

(1) Rappelons que la Neue Oper Wien est une structure « nomade » qui ne possède pas sa propre salle.

Pour en savoir plus :
- sur Markus Lehmann-Horn : www.markuslehmannhorn.com
- sur la Neue Oper Wien et le Prix Gerhard Schedl : www.neueoperwien.at

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