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Tugan Sokhiev et l’Orchestre National du Capitole de Toulouse à la Philharmonie de Paris – Subtilité et puissance

Invités à la Philharmonie pour le concert inaugural d’« Orchestres en fête », l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et son directeur musical Tugan Sokhiev (photo) ont une fois de plus conquis le public parisien par le niveau de leur interprétation et la qualité atteinte par une phalange qui peut se mesurer aux meilleures formations nationales et internationales.
 La pièce de Hugues Dufourt intitulée Ur-Geräusch (une commande de la Beethovenfest de Bonn créée le 23 septembre dernier) se réfère à un texte de Rilke sur la photographie. Clin d’œil à la Symphonie « Héroïque », elle ne craint pas la démesure (30’) mais on y sent toute la maîtrise du compositeur français qui sait comme personne s’ébrouer dans les grands espaces et dominer le temps. Sa recherche de sonorités subtiles, la combinaison aérienne des timbres se marient aux pulsions telluriques : l’art de combiner les extrêmes et le sens narratif emportent toujours l’adhésion. Belle réalisation des musiciens toulousains engagés et précis sous la direction de leur chef.
 
La même finesse de ton transparaît dans le Triple Concerto de Beethoven avec les archets complices de Guy Braunstein (qui fut l’un des violons solo des Berliner Philharmoniker) et d’ István Várdai, épaulés par le piano de l’excellent Sunwook Kim. A l’affrontement dialectique cher à Beethoven, les interprètes préfèrent le dialogue chambriste au risque de trop privilégier la transparence et la fluidité sur les contrastes. Toutefois, la tenue de l’accompagnement et le soin apporté à chaque détail rendent attractive une partition qui ne passe pas pour la plus inspirée de Beethoven.
 
Avec la Quatrième Symphonie de Brahms, la cohésion est au rendez-vous dans une approche alliant puissance, souplesse et sensualité. Les interventions des premiers pupitres enchantent l’oreille (en particulier les bois soyeux et les cordes au legato parfait) et la lecture de Sokhiev, animée par un élan communicatif et un art admirable de la construction (la conduite du final !), ne laisse d’impressionner. Du travail d’orfèvre !
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie 1, Salle Pierre Boulez, 18 novembre 2016

Photo ©tugansokhiev.com

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