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Terrible ! - Guennadi Rozhdestvensky à l’Orchestre de Paris

Quel programme ! La Grande Pâque russe et ses tempêtes de cloches ouvrira la soirée suivit du brillant et déconcertant Concerto pour piano, deux partitions de Rimski-Korsakov l’une encore un peu courue au concert, l’autre totalement oubliée et qui aura toute ses chances puisque Guennadi Rozhdestvensky y dirigera son épouse, l’inoxydable Viktoria Postnikova.

Mais confessons-le, c’est d’abord pour Ivan le Terrible qu’on courra à la Salle Pleyel. Les fulgurances sonores que la pellicule d’Eisenstein inspirèrent à Prokofiev sont inimaginables de barbaries cruelles, d’ironie persifleuse, de violence orchestrale. A l’abri des images et du discours pseudo politique dont se protège également le réalisateur, Prokofiev a retrouvé toute la verve de sa grande écriture moderniste des années vingt. Ivan le Terrible est aussi résolument futuriste par moments que la trop méconnue Cantate « Octobre », l’orchestre s’y déflagre, le geste expressionniste fuit toute tentation de conformisme, et dans ce décor sonore à la Murnau, Prokofiev laisse éclore le meilleur de son génie de mélodiste.

Les Chœurs et l’Orchestre de Paris auront fort à faire dans ce grandiose embrasement, et la baguette de Rozhdestvensky, avec son air de ne pas y toucher, devrait les enflammer, et nous avec. Puisse-t-il un jour révéler la Cantate « Octobre » aux Parisiens !

Jean-Charles Hoffelé

Paris, Salle Pleyel, le 7 mai 2010

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Photo : DR
 

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