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Tedi Papavrami joue Bach à l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton – Pure ascèse – Compte-rendu

Redoutable somme musicale, les Sonates et Partitas pour violon seul de J.-S. Bach constituent pour tout interprète un Himalaya d’une difficulté d’ascension et d’une liberté d’approche toujours recommencées. Tedi Papavrami, habitué aux défis, n’a de cesse de se mesurer à cet alpha et oméga dont il par ailleurs gravé un enregistrement remarqué en 2004 (chez Aeon). Sur le Stradivarius « Reynier » (1727) prêté depuis peu par le groupe LVMH, il aborde le corpus au cours d’une soirée deux parties dans le tout nouvel Auditorium de la Fondation Louis Vuitton.
 
Le second concert, le plus dense, rassemble les Sonates nos 1 et 3 et les Partitas nos 2 et 3, compositions qui ouvrent des espaces d’une profondeur et d’une gravité humaine sans précédent dans l’histoire du violon. Beauté pure d’un jeu attentif aux nuances et aux contrastes ; le raffinement et la rigueur de la conception atteignent leur summum dans la fameuse Chaconne BWV 1004, embrassée d’un seul geste avec une perfection de ton et un constant souci de l’éclairage polyphonique. Parfois proche de l’abstraction par une pureté de la ligne où la chair se fait esprit (Largo de la Sonate n° 3 BWV 1005), Tedi Papavrami offre une vision intense et ascétique, gravissant les sommets (en particulier les fugues) avec une hauteur de vue et une intelligence supérieure qui participent d’une approche sans concession et de grande classe.
 
 Michel Le Naour
 
Paris, Auditorium de la Fondation Louis Vuitton, 27 février 2015

Photo © DR

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