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Strasbourg - Compte-rendu : Un rafraîchissant Cosi fan tutte

Naples à la fin du XIXe siècle, un magnifique palais avec une vue imprenable sur la Mer tyrrhénienne : tel est le cadre choisi par David McVicar pour son Cosi fan tutte à Strasbourg. Les ingénieux décors de Yannis Thavoris et les costumes très réussis de Tanya McCallin confèrent une grande beauté plastique à l'action.

La direction vive et acérée de Dietfried Bernet, à la tête de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, seconde à merveille le propos de la mise en scène : récitatifs (splendide continuo de Cordélia Huberti) et airs s'enchaînent avec précision, tandis que l'accompagnement orchestral, racé, trouve toujours le coloris adéquat.

La distribution réunie par David McVicar se révèle en tous points excellente : Anne-Sophie Duprels (le 13/12) donne à Fiordiligi un frémissement de bon aloi. Ses deux arias donnés intégralement sont interprétés avec une tenue de souffle impeccable. Avec des graves naturels, elle négocie de façon très sûre les écarts de « Come scoglio ». La Dorabella de Deanne Meek n’est pas en reste, la voix est égale sur toute la tessiture et l’actrice témoigne d'une intelligence mutine et enjouée. Marie McLaughlin, avec une voix ronde et bien placée, ôte à Despina le coté pincé des soubrettes trop souvent collées au personnage. Dans l’option de McVicar, elle est le pendant féminin de Don Alfonso, et fait jeu à part égale avec celui-ci.

Les chanteurs possèdent l’âge exact de leur personnage et le peu de différence entre Don Alfonso, Guglielmo et Ferrando éclaire l'action d'une manière fort originale. Les deux officiers, joués respectivement par Franco Pomponi et Alfredo Boe, possèdent l'un comme l'autre un physique de jeune premier et l’on comprend mieux les hésitations des deux sœurs à l’arrivée des « Albanais ». Ces deux artistes ont une voix chaude et bien conduite. Avec un timbre élégant et racé de bary-ténor, Alfred Boe trouve la couleur exacte du rôle de Ferrando. Quant au baryton fruité de Jason Howard, il donne au personnage de Don Alfonso une identité différente. Il est le catalyseur de la décision finale des couples : Fiordiligi restera avec Ferrando et Dorabella avec Guglielmo.
En bref, une approche aussi rafraîchissante qu'enrichissante de Cosi.

Bernard Niedda

Strasbourg, le 13 décembre

Autres représentations. Mulhouse les 6/8/10 janvier 2006.

Photo : DR
 

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