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Strasbourg - Compte-rendu : Eugène Onéguine de Tchaïkovski, sublime Tatiana

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Chef-d’œuvre du romantisme russe, les « Scènes lyriques » de Tchaïkovski plus connues sous le nom d’Eugène Onéguine reviennent dans la mise en scène de Marco Arturo Marelli. Dispositif scénique unique adapté à ce drame intimiste : un magnifique salon avec ouverture sur le fond, qui permet à l’action de se dérouler sans aucun temps mort. Dans cette vision, Onéguine est omniprésent et revit sous forme de flash-back le drame qui le conduira aux limites de la folie.

L'idée s'avère intéressante mais est gâchée par le jeu névrotique du baryton Evgueniy Alexiev (un double du personnage interprété par un danseur aurait été plus éloquent). Mais quelle voix superbe… Timbre chaleureux, articulation parfaite et conduite sur un souffle paraissant inépuisable : on se situe dans la lignée des grands barytons russes qui se sont illustrés dans ce personnage (Evgeni Belov).

La Tatiana de Natalyia Kovalova remporte tous les suffrages. Avec une voix souple et bien timbrée, elle incarne un personnage tout de chair et de sang - quel morceau d’anthologie que la scène de la lettre ! Ses duos avec Onéguine et la scène finale sont dignes des plus grandes et rappellent la jeune Vishnevskaya. Un triomphe justement mérité lui sera réservé au rideau final. Tout aussi spectaculaire le Lenski d’Andrej Dunaev : avec un joli timbre de voix, il réussit à merveille à nous transmettre les tourments de son personnage. Sa prestation très attendue lors de la scène du duel remporte tous les suffrages.

Avec un timbre léger, la basse Dmitri Ulyanov donne au personnage de Grémin une vision différente bien loin des vieux barbons que l’on à l’habitude de nous proposer. Son air est interprété avec une remarquable sensibilité. Le reste de la distribution ne démérite pas. Mention spéciale pour la nourrice de Zlatomira Nikolova, loin des duègnes habituelles, qui, avec une voix claire et des graves bien posés, donne une prestation de tout premier plan.

Le chef Kirill Karabits débarrasse la partition de tout pathos. Avec des tempos vifs et acérés, il tire des pupitres du Philharmonique de Strasbourg des couleurs chatoyantes, pleines de poésie et suit attentivement ses chanteurs. Une distribution jeune, un chef qui connaît son Tchaïkovski sur le bout des doigts !

Bernard Niedda

Autres représentations : Mulhouse les 4 et 6 novembre. Colmar les 11 et 13 novembre.

Eugène Onéguine en DVD

Photo : DR
 

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