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Sinfonia en Périgord - Compte-rendu : De Bach à Vivaldi


Directeur artistique de Sinfonia en Périgord, David Théodorides a pris le parti d’axer la programmation du 16ème Festival sur les grands maîtres du baroque et partant a amené les interprètes à se confronter à des partitions phares.

On en avait deux exemples vendredi 1er septembre puisqu’en l’espace de quelques heures les Saisons de Vivaldi ont succédé aux Variations Goldberg de Bach, interprétées par Benjamin Alard (photo ci-dessus). Confronté à une telle partition, le jeune claveciniste démontre que les commentaires flatteurs qui accompagnent son début de carrière s’avèrent on ne peut plus fondés. Avec simplicité et naturel, il déploie la fameuse Aria, avant d’entraîner l’auditeur dans un dédale où la clarté de la pensée rend toujours justice à la richesse du tissu polyphonique, sans rien présenter de froid ou de didactique. Le sens poétique frappe en premier lieu dans une approche où Benjamin Alard (photo ci-dessus) approfondit de façon souvent étonnante les épisodes les plus secrets de l’ouvrage (on ne prendra comme exemple que le Canone alla Quinta [var. 15] dont les méandres sont explorés d’une troublante manière…).

Les moyens techniques ne manquent aucunement au claveciniste et pourtant, dans les variations les plus virtuoses, il pêche par un excès de retenue. On aspirerait à un geste plus libéré qui, en accentuant les contrastes ne ferait que mieux mettre en valeur la réussite des sections plus apaisées de la partition. Benjamin Alard n’a que vingt et un ans : patience ; laissons à talent bourré de promesses le temps d’éclore complètement. Mais déjà, quel musicien !

Après Bach, Vivaldi était au programme de la soirée offerte par le violoniste Patrick Bismuth et son ensemble La Tempesta. Le désir de vivifier le discours du Rosso a pu être prétexte à des interprétations excessives et hystériques. Il n’en est rien ici. A l’instar de son collègue Jean-Christophe Spinosi dans le domaine de l’opéra vivaldien, Bismuth sait donner du relief sans que le lyrisme et la respiration en fassent les frais. Véritable régal que le Concerto en fa majeur pour violon et orgue RV 765 ou ce deux violons et ce quatre violons extraits de l’Estro armonico qui prouvent que le violoniste a rassemblé des instrumentistes de premier plan au sein de La Tempesta.

Suivent les Saisons. A ceux qui seraient tenté de faire la moue face à ces œuvres archi-célèbres, juste une question : depuis combien de temps ne les avez-vous pas écoutées au concert ou au disque ? Avec le même appétit, la même jubilation que dans ce qui a précédé, les interprètes s’emparent de ces pages. Les interprètes et il importe d’insister sur le pluriel car, si l’archet du soliste fait merveille, on constate que la réussite tient beaucoup aussi à la part d’autonomie dont chaque musicien dispose (une mention spéciale pour la chaleur du violoncelliste Frédéric Baldassare !) dans l’ensemble sans que la cohésion générale en souffre. Patrick Bismuth s’engage, prend des risques. Peu importe quelques accrocs dans L’Eté, ce sont d’abord la fraîcheur et l’étonnement avec lesquels toute l’équipe de La Tempesta emporte ces partitions rabâchées qui font notre bonheur !

Alain Cochard

Festival Sinfonia en Périgord. Vendredi 1er Septembre

VIDEO de Patrick Bismuth et de l’Ensemble La Tempesta en répétition pour le concert du 1er septembre

Photo : DR

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