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Semaines musicales de Quimper - Un vent de liberté – Compte-rendu

zhu xia mei

Avec détermination, les Semaines musicales de Quimper suivent un chemin initié en 1979 par des passionnés qui eurent le mérite de créer un festival pionnier dans le paysage finistérien. Les choses ont bien changé depuis, et cette manifestation aoûtienne s’est enracinée grâce à une programmation de qualité conçue depuis 2012 par le compositeur Christian Lauba, directeur artistique, qui conjugue sans dogmatisme classique et jazz.

Le cadre de l’église Notre-Dame de Kerdévot constitue un écrin parfait pour l’exécution des Variations Goldberg que Zhu Xiao Mei remet une nouvelle fois sur le métier. Son exigence et sa pudeur, cette communion qu’elle établit avec le public relèvent d’une expérience unique où s’établit une correspondance entre le jeu de l’artiste et l’esprit du lieu. L’Adagio de Mozart et la Rêverie de Schumann donnés en bis prolongent ce ton de confidence et cette profondeur où l’émotion doit, avant tout, servir l’âme.
 
Dans l’église Locmaria, le Quatuor Asasello, formation créée à Bâle en 2000 par quatre jeunes musiciens venus d’horizons différents, porte un regard complice sur des œuvres majeures du répertoire (les Quatuors op. 12 de Mendelssohn, n° 9 de Chostakovitch et n° 3 de Tchaïkovski). Le jeu d’une parfaite homogénéité, la respiration commune, la perfection et la fougue, un sens remarquable de l’équilibre des plans sonores confèrent à ces œuvres des atmosphères tour à tour romantiques et douces-amères dans des clairs-obscurs à la fois subtils et denses. Des interprètes au sommet de leur art.

Couronné en juin dernier par le Palmarès du Syndicat de la Critique, le jeune ensemble Les Surprises (1) visite, dans un programme de Bach à Haydn, tout un pan du répertoire de transition entre l’ère baroque et l’époque classique. Mise en bouche avec quelques mouvements de l’Ouverture en ré de Johann Joseph Fux, et plat de résistance avec le Concerto pour clavecin en ré mineur de J.S. Bach où les musiciens font preuve tout autant de virtuosité que de cohésion. Seule l’acoustique trop mate du Théâtre de Cornouaille constitue un handicap pour la sonorité du clavecin. Bel engagement dans un 3e Concerto Brandebourgeois aux cordes affinées et une Symphonie en sol de Carl Philipp Emanuel Bach d’une fantaisie débridée.

 

Juliette Hurel © DR

En guest star, la flûtiste Juliette Hurel conclut le concert avec une interprétation pleine de verve du Concerto en ré majeur de Haydn (en réalité de Leopold Hofmann) où sa vélocité aérienne se fait musique pure. En bis, le caractère ludique de la Badinerie de la 2e Suite de Bach est servi avec liberté par les membres des Surprises. De riches heures à mettre au crédit de ces Semaines musicales de Quimper sur lesquelles flotte un vent de liberté.
 
Michel Le Naour
 

  1. Pour en savoir plus sur Les Surprises : www.concertclassic.com/article/les-surprises-sur-france-musique-et-en-concert-au-studio-106-rebel-de-pere-en-fils

           Site de l'ensemble Les Suprises www.les-surprises.fr
 
 
Quimper, église Notre-Dame de Kerdévot, église Locmaria, Théâtre de Cornouaille, 9, 13 et 16 août 2014

Photo Zhu Xiao-Mei © Julien Mignot

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