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Riccardo Muti dirige le Requiem de Verdi à Montpellier - A bout de bras - Compte-rendu

Le grand Riccardo Muti au Corum de Montpellier pour y diriger l’emblématique Requiem de Verdi à la tête de l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon : ça sent son coup à dix kilomètres à la ronde ! L’essentiel, c’est que ça ait vraiment eu lieu, et deux fois à guichets fermés s’il vous plaît. Alors chapeau au maestro pour sa modestie et aux artistes locaux pour avoir relevé le défi. Car c’en était un pour tout le monde. Y compris pour le chef qui a dû faire assaut de toute sa science d’éleveur d’orchestre.

Et ça n’était pas le moindre intérêt de cet événement que de l’observer tenant une juste balance entre l’énergie qu’il sait déployer pour défendre sa conception du chef-d’œuvre de Verdi et le contrôle absolu, quasi pédagogique, de ses troupes, ne lâchant rien, donnant tous les départs des solistes aux choristes. C’est grâce à lui, et à lui seul, que l’essentiel fut sauf : il a tenu tout l’édifice à bout de bras donnant l’illusion d’un aboutissement par la maîtrise de tous les fils de cette tapisserie de haute lisse.

Les passages forte ne posent guère de problème. C’est avec les sons filés et diaphanes que les difficultés apparaissent. Les cordes ne sont pas le point fort de l’Orchestre de Montpellier : ni les violoncelles ni les violons n’ont été vraiment à l’aise à l’exception remarquée de la supersoliste qui s’est parfois retrouvée bien seule…. L’on sentait du reste tout le monde sur ses gardes. Le quatuor de solistes manquait dès lors de l’assise qui lui est nécessaire pour déployer son chant en toute liberté. Ce sont les chœurs dont les interventions ont été les plus appropriées grâce au savant amalgame réalisé par un orfèvre, le fidèle complice de Muti à la Scala de Milan, Roberto Gabbiani, entre celui de l’Opéra de Montpellier et celui de la Radio lettone.


La mezzo russe Olga Borodina, le ténor Mario Zeffiri comme le baryton basse Michele Pertusi sont des habitués de l’œuvre et du chef qu’ils ont servis de tout leur cœur. La soprano de Saint-Pétersbourg Tatiana Serjan a témoigné de son sens du style verdien dans toutes les interventions avec ses trois collègues.
Elle se retrouve seule face aux chœurs dans le vaste Libera me final où la pureté de son timbre ne suffit plus. Mais Muti veillait : chapeau !
Reviendra-t-il au Corum de Montpellier ? Qui sait ?

Jacques Doucelin

Montpellier, Corum – 14 janvier 2012

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Photo : DR
 

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