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Riccardo Chailly dirige l’Orchestre et le Chœur de la Scala de Milan au Théâtre des Champs-Elysées – Déclaration d’amour – Compte-rendu

« On se croirait en Italie » s’exclame une auditrice ! Pourtant, c’est bien l’Italie qui est venue à nous pour célébrer l’ouverture de saison du Théâtre des Champs-Elysées. Avec leur directeur musical Riccardo Chailly, le Chœur et l’Orchestre de la Scala de Milan ont fait étape à Paris pour une soirée.
Un programme intégralement consacré à Giuseppe Verdi avec quelques-unes de ses ouvertures et grandes pages chorales. Nabucco, Don Carlo, Il Trovatore croisaient des extraits de partitions plus rares du maître italien (I Lombardi, Ernani). Un ravissement pour les amoureux d’art lyrique, mais susceptible aussi créer une forme de frustration. Une fois entendu le « Vedi le fosche notturne spoglie » du Trouvère, qui n’a pas envie de prolonger l’écoute par l’implacable « Stride la vampa » ?
 

© Cyprien Tollet

Le célébrissime « Va pensiero » de Nabucco donne le ton. D’un même souffle, le chœur avance tendrement crescendo dans un contrôle de l’émission millimétré. Le Chœur des Sorcières dans Macbeth prouve la solidité des voix de femmes. Le Chœur des bohémiens dans le Trouvère laisse la place aux hommes : puissance et précision sont de mise. Les choristes, préparés par Alberto Malazzi, sont pris par la musique : ils enflamment littéralement le plateau par leur énergie. Un spectateur galvanisé, lui aussi, lâchera un « Viva Verdi ! », sous le regard rieur du maestro.

L’autre personnage clef de la soirée est bien l’orchestre. Le début du concert nous donne toutefois l’impression d’avoir affaire à des instrumentistes trop sages. Plus habitués à la fosse qu’à la scène, ils cherchent sans doute un peu leurs marques dans la salle de l’avenue Montaigne, dans l’équilibre avec le chœur. Mais Riccardo Chailly est à l’œuvre et, l’on savoure des cordes sublimées dans la danse endiablée du ballet de la Reine extrait de Don Carlo. Le chant des bois est impressionnant : chaque reprise est variée, évoluant constamment. Et quand les trompettes d’Aïda résonnent en fond de scène, s’installant derrière les chanteurs, on y est ! Radamès n’est pas loin.
Ce concert est une véritable déclaration d’amour à la musique de Verdi. Tout apparaît instinctif et naturel : elle coule dans leur veines.
 

Marion Guillemet
 

 Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 12 septembre 2023
 
A écouter « Verdi Choruses », sorti en février 2023 chez Decca
 
Photo ©

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