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​Plácido Domingo et Maria Kataeva en récital à la Salle Gaveau - Fiesta de zarzuela - Compte-rendu

 
Placé sous l’égide Plácido Domingo, le récital « Noche española » offre des airs et duos extraits de zarzuelas, connus ou moins connus. Ce programme, déjà présenté à Vienne, Rome, Ljubljana, aux Chorégies d’Orange et à Monte-Carlo avec différentes variantes pour les interprètes, est l’occasion de présenter ce répertoire lyrique espagnol si peu fréquent chez nous. Si ce n’est que le programme de salle vendu à Gaveau, ne fournit aucune explication, ni même ne mentionne l’intitulé « zarzuela », se contentant d’une liste de noms (sans prénom) et de titres. Le public reste ainsi dans l’ignorance complète, comme nous l’avons constaté après quelques interrogations, ne sachant même pas qu’il s’agit de zarzuela et ce que cela signifie ! Ce qui est infiniment regrettable.
 
Maria Kateva © Mischa Blank

Le concert Salle Gaveau n’en est pas moins de belle qualité, par un Domingo des plus investis secondé par une excellente Maria Kataeva. Bien préparé, l’Orchestre Colonne est ardemment dirigé par Jordi Bernàcer (chef résident à l’Opéra de San Francisco depuis 2015), déjà présent pour d’autres exécutions de cette « Noche española », et se révèle parfaitement en phase avec ce répertoire spécifique, entre puissance et subtilité, aussi bien dans les quelques passages d’interludes et préludes d’orchestre, comme pour soutenir les voix sans jamais les couvrir.
 

Jordi Bernàcer © jordibernacer.com

Des extraits de zarzuelas des XIXe et XXe siècles se succèdent, signées Gerónimo Giménez, José Serrano, Francisco Guerrero, Pablo Sorozábal, Federico Moreno Torroba, Pablo Luna, Ruperto Chapí et Amadeo Vives. Dans ce répertoire qu’il défend depuis sa tendre enfance (puisque né de parents célèbres chanteurs de zarzuelas en leurs temps), Domingo est tout à son affaire. La voix oscille entre ténor et baryton, avec un éclat jamais pris en défaut, un phrasé régulier et une caractérisation ad hoc - on s’en serait douté. Le chanteur conserve encore toutes ses facultés.
 
La Russe Maria Kataeva constitue une merveilleuse surprise, mezzo épanchée d’un beau lyrisme, dans un espagnol impeccable qu’elle comprend bien à en juger par ses expressions – et sans l’appui d’aucune partition. Cette protégée de Domingo, qui avait remporté le 2e Prix et le Prix du Public du Concours Operalia en 2019 à Prague, est l’autre bel atout de la soirée. Les duos qu’elle partage avec notre baryténor constituent dès lors autant de moments enlevés. Triomphe mérité avec multiples rappels du public (dans une Salle Gaveau bondée), en dépit de l’ignorance de ce répertoire où il a été confiné.
 
Pierre-René Serna

Salle Gaveau, Paris, 9 mars 2023
 
Pour tout savoir sur la zarzuela, nos livres : l’encyclopédique Guide de la Zarzuela, les vulgarisations en format de poche La Zarzuela baroque et La Zarzuela romantique (Bleu Nuit éditeur)
Ainsi que notre Brève histoire de la Zarzuela :
1) www.concertclassic.com/article/une-breve-histoire-de-la-zarzuela-i-floraison-baroque
2) www.concertclassic.com/article/une-breve-histoire-de-la-zarzuela-ii-renaissance-eclatante-au-xixe-siecle
3)  www.concertclassic.com/article/une-breve-histoire-de-la-zarzuela-iii-apogee-et-fin-le-xxe-siecle
 
 

 
 
Photo Plácido Domingo © Ruben Martin / Sony Classical

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