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Philippe Jordan poursuit son intégrale des Symphonies de Beethoven – Le choix de la clarté – Compte-rendu

Le troisième concert du cycle des Symphonies de Beethoven que Philippe Jordan a programmé cette saison avec son Orchestre de l’Opéra National de Paris est consacré aux 4ème et 5ème Symphonies. Le chef aborde ces œuvres avec un souci de clarté, d’élégance, de raffinement et d’extrême fluidité. Une telle conception, éminemment maîtrisée et très construite, a son revers.
 
Dans la 4ème Symphonie, le discours avance mais la tension, malgré une certaine fébrilité, disparaît au profit d’une exécution finement ciselée qui met bien en valeur les pupitres souvent virtuoses (la flûte de Catherine Cantin, la clarinette de Philippe Cuper…) entraînés dans un Allegro ma non troppo final où les cordes rivalisent d’engagement.
 
Plus héroïque dans la Symphonie en ut mineur, le maestro conduit avec des gestes amples et suggestifs une phalange qui obéit à ses moindres inflexions. La rigueur de l’agogique (Allegro con brio), la souplesse du phrasé (Andante con moto), la vivacité rythmique d’ensemble mènent à un final sabre au clair qui, sans être solennel, possède une réelle énergie au moment de la péroraison. Le public, littéralement transporté, fait une standing ovation à cette interprétation enlevée. On a pourtant le sentiment que Philippe Jordan, attaché à la lisibilité et au contrôle plus qu’à la puissance interne de la musique, ne laisse pas toujours se libérer pleinement les forces profondes et telluriques de l ‘ouvrage.
 
 
Michel Le Naour
 
Paris, Opéra Bastille, 14 décembre 2014

Photo © ronaldo

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