Journal

Paris - Compte-rendu : Une introspective éloquence


Moins téméraire que François-Frédéric Guy qui a bouclé en une semaine son intégrale des Sonates de Beethoven, le pianiste autrichien Till Fellner débute un parcours similaire mais qui se déroulera sur trois saisons. Sans respecter l’ordre chronologique, il préfère, comme son maître Alfred Brendel, aborder cet Himalaya du clavier en associant sonates connues et moins connues, les premières ou les dernières. Pour son concert inaugural, il joue la trilogie de l’Opus 31 et l’Opus 101.

À trente-six ans, Till Fellner est un artiste aguerri dont la carrière a commencé très tôt. Il a su donner du temps au temps et enraciner la tradition dans une approche toujours respectueuse du style. Le parti pris est celui de la grandeur, le phrasé est ample avec le poids qui convient (même si le Rondo de la Sonate n°16 opus 31 n°1 paraît mesuré). L’architecture globale, les nuances, le modelé de la phrase sont toujours asservis à un projet global avec une intelligence et une réflexion qui n’enlèvent rien à la dimension poétique (Adagio de la Sonate « La Tempête » opus 31 n°2).

Très équilibrée, sans concessions, cette vision a de l’allure, donne à chaque pièce son caractère (Scherzo- Allegretto vivace de la Sonate n°18 opus 31 n°3). L’interprétation de l’Opus 101 semble surmonter les tensions, les contrastes, pour aboutir dans la fugue finale à un accomplissement. On attend avec impatience la suite de cette intégrale (le 6 février et le 28 avril 2009, à Gaveau) par l’un des pianistes les plus intéressants de sa génération.

Michel Le Naour

Salle Gaveau, 25 octobre 2008

Programme détaillé de la Salle Pleyel

Les prochains concerts de Till Fellner

Photo : Gabriela Brandenstein

Partager par emailImprimer

Derniers articles