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Paris - Compte-rendu d'opéra : Production gagnante



Maria Riccarda Wesseling donne à la mise en scène de Warlikowski toute sa cohérence.

Revoir l’Iphigénie selon Warlikowski en disperse les signalétiques encombrantes et rends les effets de mode secondaires : le spectacle possède une force à laquelle on n’échappe pas. Au fond Iphigénie n’est qu’un immense rituel, avec la catharsis toujours repoussée du sacrifice que Warlikowski suspend jusqu’à l’insoutenable avec sa citation du Caravage durant la vidéo du IV. Ce rituel, le metteur en scène ne l’a pas occulté, il en a démultiplié les acteurs, offrant des niveaux de lectures qui risquaient d’encombrer sa dialectique. Mais il sait user de l’espace scéniques et des techniques de direction d’acteur pour conserver au spectacle une fluidité, un naturel qui ne font jamais passer les expériences humaines derrière les principes esthétiques.

Maria Riccarda Wesseling s’inscrit dans ce spectacle toujours soucieux du rapport avec l’élément musical, avec une évidence dramatique que Susan Graham, composant trop, ne trouvait pas ; elle possède la diction tranchante, l’élan vocal essentiel au style glückiste, et sait susciter chez ses compagnons un surcroît d’énergie, une intensité plus brûlante. Russel Braun poussait plus loin encore son Oreste véhément alors que Yan Beuron semblait fatigué, moins héroïque qu’à son habitude. Ferrari avait trouvé ses marques dans le diapason surbaissé, et la Diane de Salomé Haller conservait elle aussi un art du « chant dit » que l’on retrouve enfin en France. Aux saluts, Marc Minkowski décidément chez lui dans cette partition dont il révèle le génie comme personne rendait un hommage tendre à Lorraine Hunt, son Octavie du Couronnement de Poppée aixois, qui vient de nous quitter à cinquante trois ans. Le spectacle sera repris durant la saison 2007/2008.

Jean-Charles Hoffelé

Gluck, Iphigénie en Aulide, Palais Garnier, le 7 juillet.

Photo : Eric MAHOUDEAU/ Opéra national de Paris

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