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Mikko Franck inaugure la saison de l’Orchestre Philharmonique de Radio France – Sans pathos – Compte-rendu

 
C’est la rentrée à Radio France et, d’entrée de jeu, les jeunes membres de la Maîtrise sont requis sur le pont pour ouvrir le programme inaugural de l’Orchestre Philharmonique avec une création de Benjamin Attahir (né en 1989). On découvre son Stabat Mater pour voix hautes et orchestre, une commande de la Maîtrise écrite sur les quatre premiers versets d’un texte déjà mis en musique par une foultitude d’auteurs. Impression mitigée au sortir de cette première audition avec d’un côté une partie chorale assez blanche et inexpressive (la chose étant renforcée par le caractère un peu flottant de l’exécution) et d’autre part un orchestre très séduisant par son foisonnement de couleurs, son agitation intérieure. Un mouvement d’inquiétude le parcours continûment, installant un climat pour le moins surprenant en relation avec un texte qui nous a habitué a plus d’affliction et de pathos.
 

Asmik Grigorian © Christophe Abramowitz - Radio France
 
Pas de pathos non plus dans les Quatre derniers Lieder de Strauss qu’offre Asmik Grigorian. Des tempi qui toujours avancent, à rebours des visions de fin du monde auxquelles ces fameuses pièces on pu prêter ; la voix pleine de caractère de la soprano lituanienne noue un beau dialogue avec Mikko Franck (photo) dont la direction manifeste une plénitude misant d’abord sur l’intensité du timbre instrumental. L’orchestre porte et englobe le chant dans ce qui s’apparente à quatre poèmes d’orchestre avec voix (mention spéciale pour le violon de Ji Yoon Park). L’approche peut sans doute surprendre des oreilles habituées à certaines gravures historiques ; reste qu’on ne peut que saluer une conception originale et totalement assumée. On est curieux de découvrir l’enregistrement que Grigorian, Franck et son orchestre ont réalisé des fameux Lieder straussiens au printemps dernier ; il paraîtra en février prochain chez Alpha.
 
Symphonie « Pathétique » en seconde partie. Le qualificatif qui a fait la popularité de l’Opus 74 de Tchaïkovski conduit parfois les interprètes à dramatiser à l’excès l’ouvrage – à lui vouloir le malheur précoce. Rien de cela de la part de Mikko Franck qui frappe par l’allant de sa direction, avec un premier mouvement incroyablement fouillé et bien construit, porté par l’élan de la jeunesse et des passions. Réussite aussi que la valse au cours de laquelle les couleurs sont distillées avec autant de fraîcheur que de grâce. Quant au scherzo, mu par une formidable énergie vitale, il renonce à toute férocité. Vision un brin trop « optimiste » ? Peut-être, mais là encore, l’option est assumée et, après que les applaudissements ont fusé – le chef n’ayant rien tenté pour les retenir, bien au contraire ... –, la plongée dans l’Adagio lamentoso, dénué de tout larmoiement, prend sa tragique signification.
 
Alain Cochard
 

Paris, Maison de la Radio, Grand Auditorium, 15 septembre 2023

Photo © Christophe Abramowitz - Radio France

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