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Marc-André Hamelin au Festival Liszt en Provence – L’autre visage d’un virtuose – Compte-rendu
A quelques encablures d’Orange, le Festival Liszt en Provence fondé il y a une vingtaine d’années par Thérèse Français, passionnée de piano, accueille chaque année dans le domaine viticole de Saint-Estève (1) à Uchaux une pléiade d’artistes d’exception. Marc-André Hamelin (photo) – qui inaugura la première édition en 1998 – était de retour pour un concert événement en plein air dans la cour du château devant le portrait du jeune Liszt projeté sur le fronton de la bâtisse.
Marc-André Hamelin a établi sa réputation sur une virtuosité hors du commun qui lui permet d’aborder les répertoires les plus exigeants et les plus rares avec un appétit jamais rassasié. A contre-courant de ce que l’on attend de sa vélocité proverbiale, le soliste québécois (désormais installé à Boston) propose un programme en clair-obscur - sur un Fazioli qui met en valeur sa musicalité et son intelligence du clavier.
La Sonate en ut majeur Hob XVI/48 de Haydn devient jubilatoire, comme improvisée, et laisse sans arrêt poindre un humour réjouissant. Avec Bénédiction de Dieu dans la solitude de Liszt, le lyrisme lamartinien inspire une lecture grave, concentrée, d’une puissance intérieure et d’une richesse de timbres très élaborée.
Du même Liszt, la Fantaisie et Fugue sur le thème B.A.C.H., montre ensuite un interprète soucieux de dépasser l’austérité de la pièce pour atteindre une dimension quasi orchestrale que lui permettent ses moyens superlatifs.
Marc-André Hamelin & Thérèse Français, fondatrice et directrice de Liszt en Provence © DR
Seconde partie intimiste avec la Sonate en si bémol D. 960 de Schubert, d’une profondeur de ton et d’un dépouillement déchirant, servie par un toucher d’une subtilité à couper le souffle. La lenteur des tempos accuse l’impression de désolation, qui s’efface dans les deux derniers mouvements où Hamelin retrouve sa démesure digitale dans un final enlevé à la manière lisztienne.
Vin et musique sont ensuite partagés autour d’un buffet à l’issue du récital dans une ambiance sympathique qui fait de cette manifestation conviviale et hors des sentiers battus l’une des perles du paysage festivalier français. Inaugurée le 23 juillet avec Florian Noack et Vanessa Benelli Mosell, l’édition 2017 se prolonge jusqu’au 22 octobre. Prochain concert le 24 septembre avec Liya Petrova (violon) et Suzana Bartal (piano) dans des pages de Beethoven, Janáček, Liszt et Paganini/Szymanowski.
Michel Le Naour
(1) www.vins-saint-esteve.com/
Uchaux, Domaine du château Saint Estève - 20 août 2017. Jusqu’au 22 octobre : liszt-en-provence.com/programme
Photo Marc-André Hamelin © Fran Kaufman
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