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Macbeth à l’Opéra national de Lorraine - Fantastique et surnaturel - Compte-rendu
Dans la production de Verdi, cinq ans après Nabucco, Macbeth (1847) occupe une place particulière, annonçant les grands opéras à venir. La référence à la tragédie éponyme de Shakespeare est prétexte à un bouleversement des codes de la dramaturgie de l’époque (exacerbation des conflits avec la folie et la mort, les larmes et le sang…). D’une force incendiaire et d’une hardiesse novatrice, la musique de l’Italien subvertit par son audace toutes les traditions en cours.
A l’Opéra national de Lorraine, la dimension fantastique est soulignée par la mise en scène de Jean-Louis Martinoty et le décor de Bernard Arnould, constitué d’immenses miroirs qui définissent un espace démultiplié. Apparaît, à la manière des peintures de Füssli, tout un monde surnaturel de démons, de sorcières, qui accompagne de manière suggestive la quête de pouvoir de Macbeth et de son épouse.
Par son engagement, le couple régicide installe un climat inexorable où la noirceur le dispute au jusqu’au-boutisme. Avec des aigus puissants et bien projetés, Jennifer Check incarne une Lady Macbeth inquiétante et autoritaire. Beau baryton verdien, Giovanni Meoni compose un Macbeth complexe et habité, en proie aux affres d’un remords qui laisse transparaître l’émotion. Le Banco de Brian Kontes se révèle impressionnant de profondeur par sa tessiture longue et généreuse, tandis que le Macduff de Giuseppe Talamo déploie un chant pur et moelleux. On apprécie aussi l’aisance de Michèle Lagrange dans le rôle de la Suivante de Lady Macbeth.
La réussite du spectacle doit beaucoup à la direction galvanisante d’un chef dont la réputation ne cesse de grandir : Roberto Rizzi Brignoli. Par son exigence et son travail en profondeur, le maestro pousse l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy dans ses derniers retranchements ; l’action progresse sans cesse avec un souci constant d’équilibre et d’homogénéité (dont témoignent aussi les Chœurs de Nancy et de Metz), installant une tension haletante et une puissance expressive saisissante.
Michel Le Naour
Verdi : Macbeth - Nancy, Opéra national de Lorraine, 3 février, prochaines représentations les 5, 7, 10 & 12 février 2013 / www.opera-national-lorraine.fr
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Photo : Opéra National de Lorraine
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