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Les Pêcheurs de perles de Bizet à l’Opéra Royal de Wallonie - Une belle homogénéité - Compte-rendu
Appréciés de Berlioz, Les Pêcheurs de perles (1863) ont gardé tout leur pouvoir de séduction et l’invraisemblance du livret ainsi que sa faible portée dramatique n’enlèvent rien au à la finesse de ton d’une partition écrite par un jeune homme de vingt-cinq ans en pleine possession de son art. L’Opéra Royal de Wallonie reprend la mise en scène de Yoshi Oïda (présentée à l’Opéra Comique en 2012), avec de légers remaniements et une nouvelle distribution, entièrement belge, d’une belle homogénéité
Oïda recherche davantage l’intériorité psychologique que la démonstration visuelle. Le décor unique de Tom Schenk, constitué d’une grande toile abstraite proche des textures du peintre Zao Wou-Ki et éclairée avec délicatesse par les lumières de Fabrice Kebour, laisse libre cours à un espace relativement nu où quelques objets (des barques suspendues, un pont japonais…) installent un univers proche des estampes japonaises sans l’exotisme de pacotille. La direction d’acteur, bien que banale dans la gestuelle, ne nuit jamais à la narration et à la compréhension de l’opéra.
Diction parfaite, Lionel Lhote campe le personnage de Zurga avec autorité, vigueur et grande classe. Il forme, avec le Nadir de Marc Laho – voix de tête bien placée et légèreté de ligne dans le registre aigu – un tandem complémentaire (« Au fond du temple saint » à l’acte I). Anne-Catherine Gillet présente une Leila souple, élégante, d’une grâce poétique et d’une émotion immédiate (cavatine « Comme autrefois »), servie par un chant lyrique à la tessiture un rien tendue dans les vocalises. Roger Joakim incarne Nourabad grand prêtre de Brahma, avec un timbre de basse éloquent.
Sous la baguette de son chef attitré Paolo Arrivabeni, qui dirige l’œuvre pour la première fois, l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie trouve le ton juste et, sans atteindre toute la fluidité instrumentale propre au répertoire français, parvient à dégager avec bonheur l’invention mélodique, harmonique et rythmique de cette musique, quitte à regarder parfois – mais ce n’est pas un contresens – du côté de Verdi ou de Wagner. Les chœurs, très impliqués, participent à la réussite d’ensemble d’un spectacle qui rend justice à une partition souvent délaissée au profit de Carmen.
Michel Le Naour
Bizet : Les Pêcheurs de perles - Liège, Opéra Royal de Wallonie, 19 avril 2015, prochaines représentations les 21, 23 & 25 avril 2015 / www.operaliege.be
Photo © Opéra Royal de Wallonie-Liège
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