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L’Enlèvement au sérail à Montpellier - Simplicité et élégance - Compte-rendu
Coproduit avec Angers-Nantes Opéra et l’Opéra Royal de Wallonie, L’Enlèvement au sérail imaginé par Alfredo Arias séduit d’emblée par sa scénographie élégante. Marine, ciel, salle d’apparat en contre-plongée : avec une appréciable économie et sans craindre un apparent traditionalisme, elle campe avec autant de simplicité que de fraîcheur le cadre du singspiel de Mozart – le naufrage, la soif de liberté, le narcissisme de l’amour. De ce spectacle plaisant, on retiendra l’intelligent éclairage sur le personnage d’Osmin, rustre sadique qui détient les clefs de l’esclavage des infortunés voyageurs. Efficace, la direction d’acteurs manque toutefois d’un peu de renouvellement au fil de la soirée.
Si Cornelia Götz concède à Konstanze de dramatiques mais plus d’une fois raides accents, Trine Wilsberg Lund réserve à Blonde le babillage que l’on attend d’une soubrette format colibri – joli timbre quoiqu’à la limite du stéréotype, et une brillance incontestable. Tout à fait dans la logique de cette production qui concentre son attention sur le noble couple, Jeff Martin incarne un Pedrillo pétillant bien que discret en comparaison du généreux Belmonte de Wesley Rogers – on apprécie entre autres son engagement dramatique et la clarté de sa diction. Bénéficiant d’un habile regain d’intérêt, Jan Stava habille le personnage d’Osmin des accents parfois archétypaux du méchant de l’histoire. S’il ne peut toujours éviter un relatif monolithisme, sa présence et l’autorité de ses graves suffisent à rendre mémorable son incarnation. Excellent acteur, le Selim de Markus Merz succombe, dans un accès de colère, aux sirènes du grand guignol avant de retrouver sa dignité à la fin de l’ouvrage.
La sécheresse de la fosse de l’Opéra Comédie n’est plus à démontrer. A la tête d’un Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon en bonne forme, Balázs Kocsár ne lésine pas sur la vigueur et l’énergie, au prix d’une absence de souplesse préjudiciable ça et là – en particulier les cuivres et les percussions, d’une rudesse excessive, entre autres, dans l’ouverture. Les chœurs enfin, préparés par Noëlle Gény, remplissent leur office avec une jubilation communicative.
Gilles Charlassier
Mozart : L’Enlèvement au sérail – Opéra Comédie, Montpellier, 1er février, prochaines représentations : 3, 5, 8 et 10 février 2013 / www.opera-montpellier.com.
Reprise du spectacle au Angers-Nantes Opéra, du 15 mars au 7 avril. Rens. : www.angers-nantes-opera.com
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Photo : Marc Ginot / Opéra national de Montpellier
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