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Le singe d’une nuit d’été et Pomme d’Api à l’Odéon de Marseille - Deux opérettes pour une opération séduction - Compte-rendu

Pomme d'Api  Marseille 2019

Fédérer les quatre opéras de la Région Sud autour de deux productions, opérette (cette saison) et opéra (la saison prochaine), ayant pour but de promouvoir l’art lyrique auprès des petits et des grands, c’est aujourd’hui une réalité avec la création, à l’Odéon de Marseille, des opérettes de Gaston Serpette et Jacques Offenbach « Le Singe d’une nuit d’été » et « Pomme d’Api » (Photo ci-dessus). Deux œuvres en un acte pour une production appelée à être donnée à Toulon, Avignon et Nice après sa création marseillaise. 

Que ce soit « Le Singe d’une nuit d’été », qui conte le retour du mari volage, grimé en primate, auprès de sa maitresse femme, après six mois de libertinage ou « Pomme d’Api » qui renouvelle le thème du barbon avec cet oncle volage et « encore vert » désirant lutiner la jeune soubrette qu’il vient d’engager sans savoir qu’elle est l’amoureuse de son neveu, une amoureuse que le jeune homme a été contraint d’abandonner à regrets sur l’ordre du fameux oncle car « il n’est pas bon de rester plus de six mois avec la même femme », les deux pièces sont nées au berceau du théâtre de boulevard et offrent la possibilité de plusieurs lectures. Une vision plutôt destinée aux enfants avec un agréable humour au premier degré et une autre pour adultes qui, entre les mots et les rires, peuvent facilement avoir une perception un peu plus « chaude » des événements. 

Singe d'une nuit d'été  Marseille 2019

Singe d'une nuit d'été  © Christian Dresse

Maître d’œuvre du projet, le metteur en scène Yves Coudray n’a aucun mal a offrir cette double lecture à son public. Un agréable décor unique, intelligemment transformable à vue, permet de passer de la loge de cirque au salon bourgeois et d’enchaîner les deux opérettes sans entracte. Un environnement propice au déroulement des actions, que ce soit les simiesques acrobaties ou les élans passionnés de Gustave et Pomme d’Api. Pour faire vivre ces caractères, Yves Coudray bénéficie d’une jeune troupe qui se prête volontiers au jeu… Et au chant. Une double distribution chargée d’assurer, à Marseille, quatre représentations dont trois scolaires. Espiègles et de fort caractère, Clara Leloup et Amélie Tati alternent avec bonheur les rôles d’Atala et de Catherine, alias Pomme d’Api. Pierre-Emmanuel Roubet et Matthieu Justine sont, tour à tour, le physique Babylas (le singe ) et l’énamouré Gustave, Antoine Philippot et Gilen Goicoechea, ce dernier avec son savoureux et chantant accent basque, campant avec une belle présence Rabastens, l’oncle encore vert.

Quant à la musique, d’une grande qualité, en particulier chez Offenbach qui compose ici avec délicatesse et tendresse, elle est servie, certes par les voix, mais aussi par le piano d’Hélène Blanic-Harismendy  tellement présent, coloré et juste qu’il fait oublier l’absence d’orchestre. Production légère appelée à tourner dans toute sorte de salle, elle peut être donnée avec piano seul, mais aussi avec orchestre, ce qui sera le cas à Toulon. Quant à la grande forme montée dans le cadre de cette opération « Opéras au Sud » initiée par le conseil régional, il devrait s’agir de « La Dame de Pique »  de Tchaïkovski avec une mise en scène d’Olivier Py.

Michel Egéa

Serpette : Le singe d’une nuit d’été / Offenbach : Pomme d’Api – Marseille, Odéon 5 octobre ; prochaines représentations les 15 et 16 novembre à l’Opéra de Toulon, les 11 et 13 mars 2020 à l’Opéra Grand Avignon et les 15 et 16 mai à l’Opéra de Nice.

Photo © Christian Dresse
 

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