Les Teatros del Canal proposent à Madrid une programmation diverse en marge des grandes institutions, où alternent concert, danse, théâtre parlé et théâtre musical (dont des zarzuelas et même des opéras). C’est dans ce cadre que prend place La Celia, spectacle conçu par Santiago Castelo et Emilio Sagi, en hommage à Celia Gámez, chanteuse des années 30 qui serait pour l’Espagne ce qu’était Arletty ou Mistinguett pour la France.
 
Venue de son Argentine natale, Celia Gámez débarque à Madrid en 1925 où une carrière éblouissante l’attend, principalement dans les revues musicales (revistas). Certaines écrites par des compositeurs talentueux, dont José Padilla et Francisco Alonso. Ainsi de Las Leandras d’Alonso, qui allait sceller définitivement sa renommée. La guerre civile mettra entre parenthèses le parcours glorieux de la vedette.
 
C’est à partir de chansons qui ont fait son succès, certaines savoureuses, qu’est échafaudé le spectacle. Une suite d’airs entrecoupés de tirades, qui réclamait une interprète d’exception, capable de dire et de chanter avec la gouaille et l’allant de circonstance. La perle rare a été trouvée en la personne d’Ivanna Rossi, argentine tout comme Gámez, qui sait allier chant bien placé et jeu théâtral truculent. Quatre comparses féminines, affriolantes girls, lui tiennent compagnie dans ses évolutions chorégraphiques tout en poussant la note en chœur, sur fond instrumental d’un piano, d’une contrebasse et d’un violon. Un simple double cadre de feux de la rampe clignotants, un miroir en forme paravent et des changements de vêtures (ou dévêtures) à vue : et le tour est joué, pour une heure vingt de dépaysement musical. Puisqu’au talent de Rossi, s’ajoute celui de metteur en scène de Sagi, qui n’est, lui, plus à chanter.
 
Pierre-René Serna

La Celia – Teatros del Canal, Madrid, 18 février 2016

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