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Il Postino de Daniel Catán au Châtelet - 3 questions à Jean-Yves Ossonce
Directeur de l’Opéra de Tours et de l’Orchestre Symphonique Région Centre-Tours depuis 1999, Jean-Yves Ossonce dirige au Théâtre du Châtelet à partir du 20 juin pour quatre représentations l’opéra Il Postino du Mexicain Daniel Catán (1949-2011) avec Plácido Domingo dans le rôle de Pablo Neruda.
Quelles réflexions vous inspire Il Postino ?
Jean-Yves Ossonce : C’est sur la proposition de Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet, dans le cadre de projets communs, que j’assure la création française de l’opéra Il Postino de Daniel Catan (présenté pour la première fois à Los Angeles en septembre 2010 avec Plácido Domingo et Charles Castronovo). Je regrette bien sûr de ne pas avoir pu profiter des conseils du compositeur, subitement décédé en avril dernier. Il laisse derrière lui une œuvre importante qui fait une grande place à l’opéra. Le livret reprend le découpage du film éponyme de Michael Radford qui retrace un épisode de la vie de l’écrivain chilien Pablo Neruda exilé politique avec son épouse sur une île méditerranéenne, et sa rencontre avec un postier venu l’aider et qu’il initiera à la poésie. Le metteur en scène Ron Daniels a participé avec Daniel Catán à l’écriture de l’œuvre, ce qui est une aide précieuse dans la réalisation sur scène de cet opéra et dans la compréhension d’une partition originale à l’expressivité très prégnante.
Comment se présente la distribution ?
J.-Y. O. : L’Orchestre Symphonique de Navarre est déjà venu au Châtelet pour Don Quichotte de Massenet avec Domingo et Magdalena de Villa-Lobos. C’est une excellente formation qui s’adapte très bien à cette musique complexe. En fait, on présente Daniel Catán comme un Debussy sud-américain. Son style présente un caractère impressionniste mais il y a aussi l’influence de Ravel et une imprégnation harmonique personnelle proche de la musique populaire. Dans une certaine mesure, son opéra se situe dans la lignée de Samuel Barber, d’André Prévin, ou encore celle du drame musical Susannah de Carlisle Floyd.
La difficulté réside dans la nécessité de trouver une structure linéaire dans un discours discontinu et de faire progresser naturellement la musique qui est souvent interrompue par des petites taches, des impressions aux couleurs ondoyantes. J’ai la chance de collaborer avec Plácido Domingo qui, par sa générosité, sa présence, sa chaleur, rend simple le travail et met son expérience professionnelle au service de l’œuvre dans une même communauté de pensée. J’ai toujours en mémoire ses enregistrements de Carmen ou d’Otello qui sont pour moi des références. Le jeune ténor Daniel Montenegro qui chante le rôle de Mario, le postier, est une valeur montante. Il vient de l’Ecole des Opéras de San Francisco et Los Angeles et je pense que dans les années futures il occupera une place importante dans le monde recherché des ténors.
Pouvez-vous nous parler de la prochaine saison de l’Opéra de Tours ?
J.-Y. O. : J’aurai l’occasion de diriger quatre productions. En octobre, la saison débutera par Thaïs de Massenet avec dans le rôle-titre Sophie Marin-Degor, en mars 2012 nous proposons Idoménée de Mozart ; en avril La Bohème de Puccini et en mai Macbeth de Verdi. Outre Nadine Duffaut qui mettra en scène Thaïs, je ferai à nouveau appel à Alain Garichot pour Idoménée et à Gilles Bouillon pour La Bohème et Macbeth - les deux artistes sont familiers de l’Opéra de Tours. D’autre part, le programme de l’Orchestre Symphonique aura pour thématique les grandes œuvres du XXe siècle avec des opus de Chostakovitch (Concerto pour violon n°1 avec Fanny Clamagirand et le 1er Concerto pour violoncelle avec le talentueux Yan Levionnois), Stravinski, Honegger, Bartok, Berio, Rachmaninov (le 3ème Concerto sera joué par Eugen Indjic).
L’orchestre dont j’ai la charge aura par ailleurs l’occasion de répondre à sa mission de diffusion régionale en se rendant dans différents lieux (Chartres, Briare, Châtellerault, Candes Saint-Martin…) afin de sensibiliser un public de plus en plus large au répertoire classique, en particulier les jeunes. 2000 enfants font connaissance chaque année avec la musique et c’est une grande joie de penser que parmi eux se recruteront les mélomanes de demain.
Propos recueillis par Michel Le Naour, le 20 juin 2011
Daniel Catán : Il postino (création française)
Les 20, 24, 27 et 30 juin 2011
Paris – Théâtre du Châtelet
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Photo : Thomas Dubuis
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