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Giulio Cesare au Palais Garnier - Reprise gagnante - Compte-rendu
Il y a parfois des reprises qui bonifient les spectacles. Ce Giulio Cesare monté par Laurent Pelly et Agathe Mélinand autour de Natalie Dessay en 2011 avait tourné à la pure comédie. Un peu court, d’autant que notre soprano national trouvait en Cléopâtre les limites de son timbre.
Sandrine Piau relèverait-elle le gant ? On était dubitatif, mais dès « Non disperar, chi sa ? » tout y est, la virtuosité, l’humour, les double sens des mots, la ligne, l’aigu naturel et virtuose et un timbre assez royal. Si l’on ajoute à tout cela la finesse d’une actrice dotée d’un physique de meneuse de revue, on a compris que Sandrine Piau égale voire surclasse à nos yeux et à nos oreilles Natalie Dessay.
Tout le reste de la distribution est à ce niveau : le Jules César plus amoureux que conquérant – les vocalises sont moins précises que l’émotion du chant - de Lawrence Zazzo, la Cornelia émouvante et suprêmement bien chantée de Varduhi Abrahamyan qui sauve le personnage de l’ornière comique où avait voulu l’enferrer Laurent Pelly, le Tolomeo athlétique et venimeux de Christophe Dumaux qui paye comptant vocalement et physiquement, l’Achille pure brute de Paul Gay qui n’hésite à maltraiter sa voix, le Nireno adorable et plein d’humour d’un Dominique Visse inusable, et pour les quelques mots de Curio un magnifique Jean-Gabriel Saint-Martin, décidément à suivre.
Mais la vraie surprise de la soirée, c’est le Sesto de Karine Deshayes, un rôle qu’elle a longtemps caressé. Avec son physique idéal pour les travestis, son mezzo ambré qui va avec vaillance à l’aigu, sa courbe de chant flexible et sa vocalise expressive elle campe un des plus beaux Sesto qu’on ait entendus, toujours entre fureur noire et désespoir. Surprise supplémentaire, le Concert d’Astrée est en grande forme – mention spéciale à la flute solo, admirable de poésie – et Emmanuelle Haïm chez elle dans cette Égypte de fantaisie à laquelle elle donne des couleurs et un ton très français. La muséographie du spectacle tire moins à la ligne, animée par sa battue vive, et se pare d’un registre d’émotions bien plus large que lors de la création de spectacle. Si vous voulez une très belle soirée d’opéra en cette fin de saison, ne boudez pas cette reprise, d’autant qu’il ne reste plus que trois représentations !
Jean-Charles Hoffelé
Georg Friedrich Haendel : Giulio Cesare - Paris, Palais Garnier, 11 juin, prochaines représentations 14, 16 et 18 juin 2013
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Photo : DR
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