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Festival des forêts - La Sinfonia da Requiem de Nicolas Bacri en création
Avec 2012 se termine une période de trois ans pendant laquelle le compositeur Nicolas Bacri a été en résidence au Festival des forêts et a partagé la direction artistique de la manifestation avec Bruno Ory-Lavollée. La fin de cette collaboration trouve son point d’orgue dans le concert qui, sur la scène du Théâtre impérial de Compiègne le 29 juin, réunit l’Orchestre national de Lille, le Chœur régional Nord-Pas de Calais et la mezzo Isabelle Sengès, sous la direction du chef allemand Jonas Alber (né en 1969).
Tout entier dédié à la musique française, ce temps fort de la programmation du Festival 2012 permet d’entendre la Pavane pour une infante défunte de Ravel, le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy ou, bien plus rare, Salut Printemps, pièce de jeunesse pour chœur et orchestre de Claude de France.
Mais c’est la création mondiale de la Sinfonia da Requiem de Nicolas Bacri, qui constitue l’essentiel du programme. « Ma Troisième Symphonie, explique le compositeur, est une œuvre religieuse au sens large et une œuvre "large au sens religieux". Religieuse au sens large car si elle ne met pas en musique des textes liturgiques (à part les mots : " Requiem æternam dona eis"), quatre de ses mouvements, purement orchestraux, portent comme titre "Dies Irae", "Lux æterna", "De Profundis" et "In Paradisum". D'autre part, j'utilise, pour les trois cantates inscrites dans la trame symphonique, Vitae abdicatio, Coplas de Jorge Manrique por la muerte de su padre, et Vita et Mors, trois textes poétiques s'appuyant sur une pensée religieuse évidente. "Large au sens religieux" car ces Cantates utilisent respectivement un texte d'un auteur musulman (Sidi Abu Madyan), chrétien (Jorge Manrique) et juif (Bahia Ibn Paqûda) ayant vécus dans la péninsule ibérique entre le huitième et le quinzième siècle, c'est-à-dire durant la période de "cohabitation" des trois religions abrahamiques sur le sol de ce qui allait devenir l'Espagne. Or, dans mon choix de textes j'ai essayé de souligner les points de convergences de ces trois religions, essentiels à mes yeux. »
Composée lors d’un long séjour en Espagne, la Sinfonia da Requiem a été, confie Nicolas Bacri, « l'occasion de renouer complètement avec mes racines hébraïques et méditerranéennes. Mais il faut dire que cette démarche était déjà entamée en 1986 lorsque je jetais sur le papier les quelques notes qui deviendraient quatre ans plus tard l'une des structures thématiques les plus essentielles de ma Deuxième Symphonie (Sinfonia dolorosa), un lamento de près d'une demi-heure avec lequel il me semblait renouer, par-delà l'esthétique mahlérienne, avec un atavisme profond. »
Un moment attendu d’un riche week-end qui permet aussi d’entendre (le 28 dans la cour du château de Pierrefonds) l’Orchestre de Picardie sous la baguette d’Arie van Beck, avec le pianiste Ronald Brautigam et le trompettiste David Guerrier, dans un beau programme Mendelssohn, Sallinen, Chostakovitch et Beethoven.
Alain Cochard
Orchestre national de Lille ; Chœur régional Nord-Pas de Calais, dir. Jonas Alber
29 juin 2012 – 20h30
Théâtre impérial de Compiègne
Festival des forêts (jusqu’au 15 juillet)
Programmation détaillée : www.festivaldesforets.fr
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Photo : Eric Manas
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