Mettre en scène le Don Giovanni de Mozart est toujours périlleux : on le relit moderne en le plaçant à la Défense, on le voudrait à Venise,  le voilà aux Etats-Unis, on l’approche de Molière plus que de Da Ponte, on n’est jamais content.
Nul doute pourtant que Patrice Caurier et Moshe Leiser auront des choses à nous dire sur le « Grand Seigneur méchant homme » mais aussi sur l’incroyable galerie de portraits que Mozart et son librettiste ont brossée au long de ces deux actes où l’on ne reprend jamais haleine, car la langue si vive des metteurs en scène semble idéalement appareillée à la suractivité incessante de l’ouvrage.

On ira donc à Graslin – cadre idéal dont la jauge approche celle du Gräflisch Nostitzsches National-Theater  de Prague où la version originale de l’ouvrage fut créée  le 29 octobre 1787 -  curieux du spectacle, et certain que la musique y sera splendidement servie. D’abord parce que Mark Shanahan sera dans la fosse l’ange gardien de Mozart et l’assistant efficace des volontés du bouillonnant duo réglant l’action scénique : ce musicien exemplaire colle à l’action en vieux routier du théâtre qu’il est, que ce soit pour Jenůfa ou pour Falstaff, et sait soutenir ses chanteurs.

Ensuite parce que la distribution promet, qui offre au charismatique John Chest(photo) son premier Don Giovanni, et permettra entre autre de voir et d’entendre l’Elvire de Rinat Shaham, l’Anna de Gabrielle Philiponet, deux beautés brunes, deux des grandes chanteuses-actrices de la jeune génération, et de se délecter du Don Ottavio de pur bel canto que ne manquera pas de nous délivrer Philippe Talbot, sans en dire plus sur tous les autres qui composent sur le papier une équipe brillantissime.
 
Jean-Charles Hoffelé

Mozart – Don Giovanni
4, 6, 8, 10 et 12 mars 2016
Nantes - Théâtre Graslin
4, 6, 8 mai 2016
Angers -  Grand Théâtre 
www.angers-nantes-opera.com/giovanni.html

Photo John Chest © Andrey Stoycher