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​Crésus ouvre la saison du théâtre de l’Athénée – Keiser l’expérimentateur

On l’a appris il y a peu, la saison qui débute sera la dernière de Patrice Martinet à la tête de l’Athénée. Celui qui dirige la maison de Louis Jouvet depuis 1993 nous gâte une fois de plus par la curiosité, l’inventivité, la variété d’une programmation où l’opéra baroque, l’opérette et des réalisations contemporaines se côtoient de la plus harmonieuse façon.
Place au baroque d’abord avec le rare Crésus de Reinhardt Keiser (1674-1739), confié à Benoît Bénichou et Johannes Pramsohler dans le cadre d’une création de l’Arcal, qui marquera la première scénique française de l’œuvre. La compagnie lyrique avait déjà fait appel on s’en souvient aux deux artistes pour un magique Didon et Enée vu à l’Athénée lors du Festival Purcell de la rentrée 2018  
 
Johannes Pramsohler © Paul Foster-Williams

Datée de 1711 pour sa première version, 1730 pour la seconde, la partition de Keiser n’est pas une inconnue pour les plus férus d’opéra baroque puisque –  redécouverte par René Clemencic, qui la dirigea en concert en 1990 au TCE – elle a été enregistrée par René Jacobs il y a vingt ans exactement (chez Harmonia Mundi).
A l’instar de ce dernier, Johannes Pramsholer a opté pour la mouture de 1730 : « Crésus montre l’influence de l’opéra vénitien sur la musique à Hambourg », note un chef qui s’émerveille du « caractère expérimental » de l’écriture de Keiser. « On trouve des arias da capo, qui sonnent comme du Haendel, mais aussi de petits airs, des duos, des quatuors où les chanteurs interviennent ensemble, chacun sur un texte différent ». De cette extrême variété résulte une grande fluidité dans le déroulement d’un ouvrage en trois actes que Benoît Bénichou met en scène autour d’un grand cube – doré il va de soi ! Scénographie légère (signée Amélie Kiritzé Topor) comme les spectacles de l’Arcal en ont le secret.
 
Côté distribution, Crésus, roi de Lydie, sera incarné par le baryton chilien Ramiro Maturana (photo), entouré de Andriy Gnatiuk (Cyrus) – remarquable basse qui a pris son envol à l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris au début des années 2010 –, Benoît Rameau (Solon/Halimacus) ou encore Inès Berlet (Atys) et Yung Jung Choi (Elmira).
Quant au titre exact de l’opéra de Keiser, il n’est pas Crésus mais Le présomptueux, terrassé et à nouveau réconforté Crésus. Trop long, certes, il renseigne toutefois sur une action pleine de rebondissements (livret de Lukas von Bostel) à laquelle la riche orchestration d’un auteur fort célèbre en son temps apporte énormément. Avec J. Pramsohler en Konzertmeister, entouré des 21 musiciens de l’Ensemble Diderot, on ne doute pas un instant qu’elle possèdera tout le relief requis.
 
A propos l’Ensemble Diderot, dans son effectif de base à quatre cette fois, n’oubliez surtout pas le voyage aux sources de la sonate en trio qu’il entreprend le 1er octobre au Mahj avec un programme autour de la figure de Salomone Rossi (1)
 
Alain Cochard

(1) www.mahj.org/fr/programme/salomone-rossi-aux-sources-du-baroque-75780
 
 
R. Keiser : Crésus
30 septembre, 3, 3, 6, 6 & 10 octobre 2020
Paris – Athénée Théâtre Louis-Jouvet
www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/cresus.htm
 
 
Photo © Tartiere Artists Management
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