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Cosi fan tutte à l’Opéra de Tours - Alchimie mozartienne - Compte-rendu

Pour l’ouverture de sa saison, l’Opéra de Tours propose Cosi fan tutte, l’une des œuvres de  Mozart les plus complexes qui appelle une distribution d’un parfait équilibre. La réussite de cette représentation repose sur la totale cohérence entre le plateau et la fosse. Familier du Grand Théâtre, le metteur en scène Gilles Bouillon donne sans cesse vie aux personnages, s’attachant à leur humanité dans des décors années 50 de Nathalie Holt et des costumes de Marc Anselmi. La sobriété d’ensemble permet de mieux dégager l’esprit du marivaudage, fil d’Ariane de cette production sans temps mort.
 
La distribution se distingue par son unité. Les rôles féminins possèdent la couleur et le sens des contrastes mozartiens. Carine Séchaye en Dorabella, d’un naturel rafraîchissant, voix de mezzo superbe, fait pendant à la Fiordiligi de Vannina Santoni toute en finesse qui triomphe avec bravoure des écueils semés en chemin (grand air « Come scoglio » au I). Expérimentée, Catherine Dune campe une Despina drôle dans ses déguisements de médecin et de notaire malgré un timbre légèrement fatigué.

© François Berthon

Les hommes ne sont pas en reste : Alexandre Duhamel, registre puissant, toujours soucieux de musicalité et bon comédien, a de Guglielmo une vision solide et terrienne, tandis que Sébastien Droy, en Ferrando, trouve progressivement ses marques, alter ego plus fragile mais au sens comique affiné. Franck Leguérinel, cynique à souhait, incarne avec prestance et distanciation un Don Alfonso sûr de son fait.
 

Photo © François Berthon

Jean-Yves Ossonce, par sa direction vivante, souple et attentive à la dimension dramatique, confirme une nouvelle fois ses grandes qualités de chef lyrique, sachant dégager, avec élégance et clarté, toute la finesse de la partition. L’Orchestre Symphonique Région Centre-Tours et les Chœurs maison répondent à cette conception fluide, précise sur le plan rythmique et toujours juste de ton. Grand Théâtre comble le soir d’une première qui fait l’unanimité d’un public enthousiaste. Une fois de plus, l’Opéra de Tours vise juste et se signale dans le paysage lyrique français.
 
Michel Le Naour
 
Mozart : Cosi fan tutte - Tours, Grand Théâtre, 10 octobre, dernière représentation le 14 octobre 2014. www.operadetours.fr

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