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Compte-rendu : Un Chopin sans emphase - Lise de la Salle aux Midis musicaux du Châtelet

Ex-enfant prodige, Lise de la Salle ne fait que confirmer un talent qui, au fur et à mesure des années, prend de la densité et de l’ampleur. A vingt-deux ans, la pianiste française possède déjà un répertoire mûri par une expérience réfléchie et une vraie intelligence du clavier. Son récital Chopin (Quatre Ballades, Sonate « Funèbre ») offre un exemple de virtuosité contrôlée au service d’une conception très élaborée qui ne manque pas de panache.

Les Ballades ont en effet fière allure avec un caractère de fantaisie et de liberté qui porte la marque d’un approfondissement de l’écriture de Chopin. Un rubato équilibré, une ligne claire et fluide, une vélocité assumée (malgré quelques légères baisses de tension) et un réel engagement (Ballade n°2) caractérisent cette exécution très cohérente (à l’image d’une 4ème Ballade ductile et discursive).

La dimension chaotique et angoissée du premier mouvement de la Sonate funèbre est parfaitement rendue par un piano qui se fait souple dans un Scherzo à peine ralenti dans l’intermède central, dosé et mesuré pour une Marche funèbre exempte de pathos. Le final, sans être halluciné, est articulé, laissant entendre les moindres détails. Les bis enthousiasment un public venu nombreux : un Nocturne en mi mineur, op 72 n°1 au galbe très étudié et un extrait de Roméo et Juliette de Prokofiev où l’autorité de Lise de la Salle est encore plus à son affaire.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre du Châtelet, 8 février 2010

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Photo : DR
 

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