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Compte-rendu : Plamena Mangova en récital - Energie et maîtrise


Le grand pianiste et pédagogue russe Dimitri Bashkirov était invité pour une carte blanche au Théâtre des Bouffes du Nord. Des concerts donnés par ses élèves et disciples de l’Ecole Reine Sofia de Madrid (où il enseigne) ponctuaient des master classes dans le cadre d’une série intitulée « Maestros & Friends » (elle se poursuivra en mai et juin prochain, avec Barbara Bonney puis Leon Fleisher).


Plamena Mangova a brûlé les étapes depuis son Deuxième Prix au Concours Reine Elisabeth en 2007. Elle a puisé auprès de Dimitri Bashkirov puis d’Abdel Rahman El Bacha des ressources pianistiques dont elle récolte aujourd’hui les fruits. Son récital porte la marque d’une personnalité au jeu puissant dont la force tranquille compense les éclats. Dans l’Etude op 25 n°7 comme dans la Ballade n°1 de Chopin, elle allie engagement et contrôle, poésie et virtuosité. A l’emportement incendiaire de la Première Méphisto-Valse de Liszt, elle oppose le legato subtil du Sonnet de Pétrarque n°104. Les Danses argentines d’Alberto Ginastera prennent sous ses doigts une rutilance, une violence brute où le rythme se fait barbare. Du grand art !

En seconde partie, le duo de piano des frères Victor et Luis Del Valle (qui s’est constitué sur les conseils de Bashkirov) possède une technique éblouissante qui convient plus au Chiaroscuro pour deux pianos de John Corigliano (1997) et aux Danses espagnoles de Manuel de Falla qu’à la Sonate à quatre mains KV 521 de Mozart. Un rien théâtraux mais d’une sûreté sans faille, les deux interprètes emportent l’adhésion par leur humeur ludique.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, 21 novembre 2010

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