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Compte-rendu : L’Ensemble baroque de Limoges au TCE - Le Bach florissant des Limousins


Christophe Coin et l'Ensemble Baroque de Limoges étaient de passage à Paris ce dernier dimanche. Une aubaine pour les mélomanes, car ces fins musiciens sont ennemis des coups médiatiques, eux qui déclinent leur identité en stylistes, toujours prompts à nous rappeler que la grâce, dans le réveil baroque, importe autant que la beauté.

L'ensemble est à géométrie variable, selon les répertoires abordés, mais dans une optique solistisante où Bach reste - et de loin- l'auteur privilégié. Une suprématie que confirmait le concert-matinée du Théâtre des Champs-Elysées avec 3 oeuvres-symboles demandées au Cantor. D'abord, le Concerto pour deux clavecins en ut mineur BWV 1060, transposé de l'original pour violon et hautbois, puis le Concerto pour clavecin en ré mineur BWV 1052 et enfin le 5ème Concerto brandebourgeois en ré majeur BWV 1050, composé (comme tout le recueil) à la cour du duc Léopold de Saxe-Cöthen, mais dédié par Jean-Sébastien au Margrave Christian de Brandebourg, oncle du Roi de Prusse Frédéric-Guillaume 1er et amateur avisé qui joua un rôle important dans l'élaboration d'un style « européen » particulièrement apprécié dans les cours allemandes du début du XVIIIème siècle.

Jouant la confrontation au clavecin, nos baroqueux limousins opposent ici deux générations d'interprètes, ce qui nous vaut de stimulantes différences entre des maîtres confirmés comme le Néerlandais Jan Willem Jansen, héros d'une cadence d'anthologie dans le 5ème Brandebourgeois, et des talents qui font bien plus que promettre – notre compatriote François Guerrier qui réinvente littéralement le Concerto BWV 1052 dans l'absolu respect du texte.

Sur ces joutes, le chef Christophe Coin veille en expert, mais sans jamais refuser la pleine liberté d'expression à ses musiciens. A l'image de Maria Tecla Andreotti, familière de l'ensemble dès ses débuts (elle est l'épouse de Christophe Coin) et dont la flûte magique sait nous rappeler que la poésie est toujours, chez elle, complice d'un son comme venu d'ailleurs (l'affettuoso du 5ème Brandebourgeois, qui semble ouvrir sur l'éternité). Ne serait-ce qu'au nom des absents, on aimerait qu'un DVD puisse fixer, un jour prochain, ce moment d'émotion majeure, d'ailleurs relayé, en bien d' autres endroits, par les violons agiles d'Andrés Gabetta et Jean-Pierre Lacour et, bien sûr, le violoncelle hyper motivé de Christophe Coin, qui peut être fier des résultats obtenus en terre limousine.

Roger Tellart

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 23 janvier 2011

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Photo : DR

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