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Compte-rendu : Le Convenienze ed inconvenienze teatrali de Donizetti - Les inconvénients d’une adaptation


Produit par La Clef des Chants (1) en partenariat pédagogique avec Domaines Musiques (2), le spectacle Convenienze ed inconvenienze teatrali a été pour la première fois présenté début octobre au Théâtre d’Arras. On aura attendu sa venue à l’Opéra de Reims, dans le cadre de « Reims Scènes d’Europe », pour découvrir l’ouvrage de Donizetti dans une adaptation (avec dialogues en français) du metteur en scène François de Carpentries et de la dramaturge Karine van Hercke.

Charmante partition (de 1827-1831) contant les vicissitudes d’une troupe d’opéra confrontée in fine à la ruine de l’impresario, les Convenienze sont très adaptées à un projet destiné à développer la pratique de la scène chez de jeunes chanteurs. De ce point vue, cette « production-école » présente une équipe d’artistes unis dans un bel esprit de troupe. Nature des rôles oblige, on est plus particulièrement séduit par l’abattage de la soprano Marlène Assayag (Prima Donna), la faconde du baryton Thomas Huertas (Maestro di musica), le piquant de Mélanie Ricciolini (Luigia), le Giuglielmo façon punk-macho du ténor Patrick Kabongo Mubenga ou encore le Primo Uomo de Bertrand Dazin, crédible même s’il n’est pas dans sa meilleure forme vocale lors de cette soirée rémoise. Le chaleureux baryton Manuel Betancourt (Poeta), Florian Bisbrouck (Procolo), Guillaume Paire (Impresario) et Denis Mignien (Ispettore del teatro) apportent par ailleurs chacun une précieuse contribution à l’ensemble.

Mais l’argument des Convenienze ed inconvenze ne serait rien sans la présence de Mamma Agata – rôle travesti confié à un baryton. Vétéran de la troupe, Philippe Cantor compose un personnage étonnant, drôlissime et touchant, mais cependant pas écrasant pour ceux qui l’entourent. A lui seul, il justifie que l’on découvre le spectacle, malgré les réserves qu’appelle l’adaptation du tandem De Carpentries/ Van Hercke.

Loin de nous l’intention de nous offusquer de l’idée d’offrir une résonance contemporaine à l’ouvrage – il s’y prête - mais… point trop n’en faut ! Amusante trouvaille, la répétition du discours destiné aux élus et responsables culturels se mue en un interminable monologue, les considérations sur le mal-être du travesti paraissent hors sujet ; on pourrait multiplier les exemples d’une tendance à beaucoup trop charger de mots et d’intentions les épaules d’une modeste composition qui ne demande qu’à pétiller et à distraire, tout simplement. Ce qu’elle fait d’ailleurs très bien lorsque les chanteurs, portés par un efficace trio piano/flûte/contrebasse (Jean-François Ballèvre – auteur de la transcription -, Olatz Lorenzi et Julien Surmont), sont à l’œuvre.

Alain Cochard

Donizetti : Convenienze ed inconvenienze teatrali – Reims, Opéra, 8 décembre 2010, prochaine représentation le 28 janvier 2011 (Théâtre Monsigny – Boulogne/Mer)

(1) Association régionale de décentralisation lyrique Région Nord-Pas de Calais.

(2) Association missionnée par la DRAC en Région Nord-Pas de Calais

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Photo : DR

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