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Compte-rendu : Chaud-froid sur un air de scottish - Stephane Denève et le Royal Scottish National Orchestral

Stéphane Denève

C’est un peu le retour de l’enfant prodigue : après avoir quitté la France sur une fâcherie avec les musiciens de l’Opéra de Paris, Stéphane Denève est revenu au Théâtre des Champs-Elysées avec le Royal Scottish National Orchestra dont il a pris la direction en 2005, dans un programme de musique du tournant du siècle. C’est d’abord la musique de scène composée par Gabriel Fauré pour Pelléas et Mélisande, la pièce de Maeterlinck : un modèle de style et de délicatesse.

Beaucoup de rigueur et de tenue aussi dans le Concerto pour violon de Sibelius dans lequel chef et orchestre déroulent un tapis sous l’archet de la soliste Hilary Hahn, un pur produit de l’école américaine. Pas une note ne manque à l’appel : c’est impeccable, d’une beauté réfrigérée. Mademoiselle Hahn débite son bloc de glace avec art sans le moindre souci pour le feu qui couve en dessous. Elle fait parfaitement sonner son Stradivarius. Les vrais amateurs d’émotions musicales sont priés de revenir…

La 8e Symphonie de Dvorak va montrer après l’entracte les limites de l’orchestre écossais : violons ternes et acides, vents poussifs… Il faut du chic pour ne pas affadir les mélodies empruntées au folklore, une distance de bon aloi pour ne pas laisser déraper le finale en foire d’empoigne. Le public, très largement écossais, comme la suite va nous le révéler, n’en a cure et obtient son bis, en l’occurrence une danse de Dvorak en forme de « valse de Strauss ». Puis, pour faire bonne mesure et plaire à un auditoire peu avare en applaudissements, Stéphane Denève, après s’être excusé de ne pas se produire en kilt, lance l’orchestre dans une danse populaire écossaise débridée scandée par toute la salle : délire comme pour une finale de championnat de rugby !

Jacques Doucelin

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 8 février 2010

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Photo : DR
 

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