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Claire-Marie Le Guay, Jérémie Rhorer et le Cercle de l’Harmonie à Aix-en-Provence – Un concert bonheur pour les soignants

Sortez masqués… Bon gré, mal gré il faudra s’y habituer et le concert donné au Grand Théâtre de Provence, offert au personnel soignant, a montré l’exemple. Quelques centaines de personnes réunies dans le respect des règles sanitaires en vigueur étaient venues écouter Mozart, joué par Le Cercle de l’Harmonie sous la direction de son chef fondateur Jérémie Rhorer avec Claire-Marie Le Guay, soliste au service du 23e Concerto pour piano en la majeur. Pour nombre de spectateurs, souvent accompagnés de leurs enfants, c’était une première à en juger, entre autres, par les applaudissements nourris ponctuant chacun des mouvements du concerto et de la Symphonie n° 40 donnée en fin de concert. Des codes oubliés ou ignorés, du bonheur pour tous et, aux saluts, des mercis chaleureux qui jaillissaient de la salle à l’endroit des musiciens et de leur chef.

Il faut dire qu’entre le concerto, la symphonie et la Sérénade « Une petite musique de nuit », le programme parlait aux oreilles de tous, avec un orchestre sur instruments d’époque aux sonorités toujours bien caractérisées. Servie par des cordes chaudes et soyeuses du Cercle de l’Harmonie, la Sérénade KV 525, la dernière écrite par Mozart, ouvrait la soirée en beauté avec l’un des plus fameux thèmes de la musique classique.
Fougue et passion, un peu plus tard, ont présidé à la direction de la plus romantique des symphonies de Mozart, Jérémie Rhorer livrant une lecture pour le moins énergique de cette partition reflet des tourments d’un compositeur pleurant la mort de sa fille et, entre les notes, déplorant l’impopularité dont il souffrait de la part de certains.

Entre les deux œuvres, Claire-Marie Le Guay était conviée dans le Concerto KV 488. Pour la circonstance, la pianiste jouait un instrument vénérable, un Pleyel de 1892 au son rond, aux couleurs boisées, mais qui n’a pas, et c’est normal, le potentiel de percussion et de projection d’un piano moderne. Alors, pour profiter pleinement des sonorités si particulières de l'instrument et des qualités d’une interprète au toucher aérien et précis, il fallait être des plus attentifs à l’heure du sublimissime Adagio, ce second mouvement auquel, avec délicatesse et passion, Claire-Marie Le Guay, libérée d’un dialogue parfois légèrement déséquilibré entre son instrument et la puissance de l’orchestre, a donné une lumineuse interprétation. Un beau moment savouré par un public attentif et heureux.
 
Michel Egéa

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, jeudi 23 juillet 2020. Enregistré par France Télévision, ce concert sera diffusé par France 3 Provence-Alpes le 6 août prochain.

Photo © DR

 

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