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Christian Thielemann dirige les 9 Symphonies de Beethoven - Dans la tradition


Parmi les cycles auquel chaque chef veut se mesurer, les 9 Symphonies de Beethoven arrivent grand premier. L’auteur de la Missa Solemnis y a littéralement atomisé l’orchestre classique, inventant de tout autres rapports entres les pupitres, ouvrant l’harmonie, élargissant le modèle symphonique, aussi bien en terme de durée que de projection dynamique.

La mode est depuis un certain temps aux lectures informées, comme l’ont prouvé encore voici peu et dans le même écrin du Théâtre des Champs-Elysées l’Orchestre de Chambre de Brême et Paavo Jarvi. Il faut dire que le texte beethovénien, relativement tranquille pendant plus d’un siècle, s’est trouvé totalement rénové par l’édition de Jonathan Del Mar qui, revenant aux manuscrits, a changé radicalement la donne, revivifiant sa grammaire comme ses équilibres sonores. Tous s’y sont mis, de David Zinman à Simon Rattle. Mais justement pas Christian Thielemann, gardien du temple, jaloux réenchanteur de la tradition.

Les Wiener Philharmoniker se gardent bien de lui apporter la moindre contradiction, et pour cause : ils se sont toujours considérés comme les héritiers directs du compositeur dont ils créèrent nombre d’œuvres. Il est donc peu probable qu’ils rééditent le coup d’éclat auquel les avait forcés Simon Rattle pour l’enregistrement du cycle (sous étiquette EMI) voici huit ans déjà, lorsque, contre toute attente, ils avaient remisé leur vieille édition pour se plier aux nouvelles propositions du musicologue britannique.

On ira donc sans risque d’être surpris par une relecture, mais avec toute les chances d’être transporté par le geste si concentré et à la fois développé que Christian Thielemann met toujours à son Beethoven. Certains évoquent les mânes de Furtwängler - et pourquoi pas ? -, les deux chefs partageant malgré l’éloignement des générations la même gestion savante du temps musical, une donnée qui s’est justement perdue depuis que tous jouent leur Beethoven montre en main, en laissant dévorer la dramaturgie et l’expansion dynamique par le mécanique ballet des secondes. Une tentation, pire, un cauchemar, dont ces quatre concerts devraient préserver tout beethovénien, les fervents comme les néophytes.

Jean-Charles Hoffelé

Beethoven : Les 9 Symphonies

Orchestre Philharmonique de Vienne, dir. Christian Thielemann

Les 23, 24 et 27 nov. (à 20h), le 28 novembre 2010 (à 16h)

Paris- Théâtre des Champs-Elysées

Pour en savoir plus sur l’édition Jonathan del Mar publiée par Bärenreiter : www.baerenreiter.com/html/lvb/index.html

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Photo : DR

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