Journal
Bruxelles / La Bohème à La Monnaie - Puccini selon Andreas Homoki
On n’en finit pas de réécrire la Bohème, et c’est au fond justice, Henry Murger ayant décrit plus vrai que nature un monde qui n’a jamais cessé. Dominique Pitoiset a osé à Toulouse, avec finesse et brio, une Bohème rongée non plus par la misère d’atelier mais par l’extension irrépressible du quart-monde ; histoire en marche dont on ne sait pas trop où elle nous mènera mais qui se fait plus dangereuse chaque jour.
Andreas Homoki déclare que sa Bohème sera elle aussi de notre temps, et l’on sait que son projet passera plus par la direction d’acteur que par les seuls décors et costumes. Mais c’est aussi pour les distributions que l’on fera le voyage de Bruxelles : Ermonela Jaho ou Ana Maria Martinez pour Mimi, deux inspirations presque opposées et deux voix en antithèse, dramatique et intense pour Jaho, avec des décrochements à la Callas, centrée, lyrique et plus en demi-teintes probablement pour Martinez.
On aura les yeux de Chimène pour la Musette très parisienne d’Anne-Catherine Gillet. Trois Rodolfo, celui, avec une pointe vériste de Giuseppe Filianoti, ou l’élégance même de Marius Brenciu, mais on guettera surtout Sébastien Guèze, qui aborde là un des ses futurs emplois majeurs. La compagnie de chant est discrète – sinon le Colline anthologique de Giovanni Battista Parodi -, la baguette de Carlo Rizzi en tous cas aguerrie.
Jean-Charles Hoffelé
Giacomo Puccini : La Bohème
Bruxelles - Théâtre de la Monnaie
Les 14, 15, 16, 18, 19, 21, 22, 29, 30 et 31 décembre 2010
www.lamonnaie.be
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