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Blue lady de Carolyn Carlson à Tours - Une vie en 70 minutes
Comme la Sylphide pour les Taglioni père et fille, ou Le Boléro pour Béjart, Blue lady, que présente l’Opéra de Tours pour une unique et précieuse soirée le 14 février, demeure la marque de Carolyn Carlson, grande dame de la danse contemporaine, unique par son style, sa morphologie longiligne, son étrangeté, et la façon dont elle a frappé les esprits, bien plus que son influence. Car Carlson n’a pas vraiment fait école, mais seulement diffusé une image incomparable. Au départ, porte-flambeau des inventions d’Alwin Nikolaïs qui jouait des lumières et des silhouettes plus que des âmes, elle a très vite laissé s’épancher la sienne : de l’Opéra de Paris où elle dirigea le GRTOP puis créa en 1997 le magnifique Signes, à de multiples résidences et compagnies autonomes, sans jamais perdre de son identité. Qui l’a vue danser au temps de sa maturité reste à jamais marqué par cette fabuleuse gestique qui la faisait ressembler à un moulin, ses bras battant comme de grandes ailes : une fluidité sèche et répétitive, un perpetuum mobile qui aboutissait bizarrement à une impression d’immobilité, comme si le centre de l’être demeurait loin derrière.
De Blue Lady, immense solo sur la musique de son compagnon René Aubry, on a retenu une magnifique synthèse des âges de la vie d’une femme, et d’une artiste, avec quatre phases qui racontent son évolution, ses révolutions. Les couleurs vont du bleu vers le rouge, le jaune et le noir final, qui la fait s’éteindre après plus d’une heure d’intense folie chorégraphique. Pourtant Carlson n’avait que quarante ans quand elle le créa à la Fenice en 1983, avant de le remanier en 2008 pour son compatriote Tero Saarinen, lors de la Biennale de Lyon, et aujourd’hui pour Jacky Berger, danseur français venu du Ballet du Nord. Le triomphe a toujours porté cette pièce à la fois légère et sinistre. Bien que née en Californie, Carlson est d’origine finlandaise, ne l’oublions pas.
Jacqueline Thuilleux
Blue Lady [revisited] (par Jacky Berger)
14 février 2012 – 20h
Opéra de Tours
www.operadetours.fr
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Photo : DR
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