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57e Festival de Prades – Une interview de Michel Lethiec


Chaque Festival de Prades marque les retrouvailles musicales et amicales d’une prestigieuse équipe d’instrumentistes, dont beaucoup sont de vieux habitués de la manifestation. Celle-ci correspond également à un intense moment de partage avec un public particulièrement fidèle et avec des étudiants qui fréquentent de plus en plus nombreux l’Académie de musique.


Directeur artistique du Festival de Prades, Michel Lethiec a souhaité rendre hommage cette année à Pablo Casals (1) en se souvenant de « l’exil des républicains espagnols auxquels Casals était très lié. La seule activité musicale qu’il a eue juste avant la guerre et pendant la guerre a été pour les réfugiés (au camp de Rivesaltes par exemple), rappelle-t-il. Le 9 août nous donnerons ainsi deux programmes musicaux et poétiques, l’un au Mémorial de Rivesaltes (avec des partitions de Britten, Saguer et Berkeley, trois artistes qui se sont engagés en faveur des républicains) en fin d’après-midi, l’autre le soir à l’Abbaye Saint-Michel de Cuxa. »


M. Lethiec a par ailleurs toujours été attentif à la place des créateurs d’aujourd’hui dans la programmation de Prades. « Nous allons accueillir Krysztof Penderecki pendant plusieurs jours à l’occasion de ses soixante-quinze ans et nous le fêterons avec de jeunes interprètes, la Coral de la Universitat de les Illes Balears, un chœur que le compositeur dirigera le 10 août. La Chaconne pour cordes du musicien polonais sera également donnée en création française à Prades cette année. »

La préparation d’un festival réserve de belles surprises à un directeur artistique. M. Lethiec ne cache pas qu’il attendait « avec une certaine timidité » la venue à Prades d’une grande dame du chant : Felicity Lott. Quel n’a pas été son bonheur de la voir se prêter totalement au jeu, « c'est-à-dire ne pas seulement interpréter des œuvres connues, prestigieuses, mais accepter de contribuer à la découverte de partitions bien plus rares. Ainsi a-t-elle accepté par exemple de chanter des lieder de Wolf dans la très belle transcription pour ensemble de chambre de Ralf Gothoni, mais aussi Saisir, une pièce de Maurice Jaubert pour soprano et ensemble ».

La jeune génération trouve également toute sa place à Prades. Outre un concert des lauréats de l’Adami, le festival permet comme tous les ans aux stagiaires de l’Académie de se produire dans le cadre de « concerts étudiants » (des rendez-vous gratuits). Un grande partie du temps que les artistes passent à Prades est en effet dédié au cours qu’ils dispensent aux nombreux jeunes instrumentistes inscrits à l’Académie. « Avec 150 participants (une vingtaine de nationalités) environ l’affluence se révèle exceptionnelle cette année, constate avec satisfaction M. Lethiec. Le stage présente la particularité d’autoriser les élèves à circuler d’une classe à l’autre s’ils en éprouvent le besoin. Un étudiant de Mr X en violon peut aller demander conseil à Mme Y sur une œuvre de musique russe par exemple. En plus de l’étude de leur instrument, tous les étudiants font de la musique de chambre et jouent en concert en fin de stage les pièces qu’ils ont travaillées. »

En plein année Messiaen, Prades n’oublie pas l’auteur du Quatuor pour la fin du Temps et lui rend hommage, avec cet ouvrage justement, lors d’une soirée Bach-Messiaen qui permet en outre de célébrer le millénaire de l’abbé Oliva, le fondateur de la splendide Abbaye Saint Michel de Cuxa.

Fort du bilan de l’édition passée, mais aussi du succès du Concours de composition de Prades (une compétition biennale - dont la dernière édition à été à l’origine de 130 pièces !) ou de celui des concerts organisés en cours de saison (« Prades au Champs Elysées », un classique désormais, mais aussi la tournée effectuée en Chine en juin dernier), l’énergique et optimiste M. Lethiec accepte volontiers de se définir comme un directeur de festival « heureux ». Seul ombre au tableau, l’interruption brutale de la collaboration de France Musique avec Prades. Une décision face à laquelle il ne cache pas sa tristesse et son incompréhension.


Alain Cochard

En exergue de sa 57ème Edition, Prades invite (le 24 juillet, place de Catalogne) à une projection en plein air du film d’Alain Jomy : « P. Casals, un musicien dans le monde ».



57ème Festival de Prades. Du 26 juillet au 13 août 2008.



Le programme du festival de Prades

Photo : DR

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