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A Flowering Tree de John Adams au Châtelet – Florissant - Compte-rendu

A Flowering Tree au Chatelet

Le Châtelet poursuit son exploration des œuvres lyriques de John Adams. On ne s’en plaindra pas ! Après un saisissant Nixon in China en 2012, puis en 2013 I Was Looking at the Ceiling, place maintenant à A Flowering Tree. On sait que l’opéra a été créé en 2006, à la demande de Peter Sellars, qui l'avait mis en scène, pour son festival de Vienne. L’ouvrage revient donc, mais dans une nouvelle production.
 
L’idée – excellente – du Châtelet, est d’avoir confié la conception scénique à une équipe indienne, venue de ce Bollywood qui enchante les foules locales. Une sorte de retour aux sources, puisque la trame reprend un conte indien : celui d’une jeune et belle (évidemment !) femme qui se mue en arbre fleuri pour la grande joie de son prince (charmant), avec sa charge de connotations hyperboliques. La musique dont la pare Adams tient cependant peu du raga – si ce n’est pour un certain aspect incantatoire –, mais plutôt d’une complexité orchestrale et d’une écriture vocale savante, qui répondent mal aux schémas simplificateurs dans lesquels on a voulu enfermer le compositeur étatsunien. Plus que répétitive, c’est rythmée qu’il convient de qualifier une esthétique, du côté des chœurs et de l’orchestre, assez prenante. La ligne de chant des trois et seuls solistes verserait quant à elle dans une déclamation monocorde, évoluant sur la fin vers un lyrisme sans ambages. Le second acte constitue d’ailleurs musicalement la part la plus riche, avec aussi ses ensembles (plus élaborés côté chœurs par exemple), comme une montée en puissance (et en intérêt), à l’égal du livret – bilingue, en anglais et en espagnol, signé Adams et Sellars.
 

A Flowering Tree au Chatelet

Photo © Marie-Noëlle Robert
 
La mise en scène de Vishal Bhardwaj suit un parcours similaire, d’un premier acte qui campe la situation, avec vapeurs d’encens, marionnettes grandeur nature, costumes, danseurs et figures traditionnels indiens (dont une statue de la déesse Shiva), devant un alignement scrupuleux d’amphores ; à un second acte animé d’un jeu virevoltant, entre gerbes de blés dorés et saris rougeoyants, pour s’achever dans des images éminemment caractérisées. Une forêt de symboles, pour un arbre touffu !
 
Paulina Pfeiffer incarne une Kumudha (le personnage central féminin) très en voix, pleinement épanchée dans ses scènes finales. D’emblée David Curry manifeste une projection irradiante qui ne faillira pas, Prince d’éclat comme son costume. Franco Pomponi reste davantage sur la réserve, Narrateur et baryton de tessiture restreinte. Le Chœur du Châtelet (préparé par Stephen Betteridge), qui n’a pas la partie facile, vibre en parfaite cohésion. Alors que l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours scintille, à l’instar des timbres de son instrumentarium, s’élance ou se fait tapis de soie. Puisque c’est son chef titulaire, Jean-Yves Ossonce, qui est aux commandes, dont sont connues les magnifiques vertus de rigueur et de clarté (bien qu’insuffisamment célébrées).
 
Pierre-René Serna
 
John Adams : A Flowering Tree – Paris, Théâtre du Châtelet, 5 mai ; prochaines représentations : 7, 9, 11 et 13 mai 2014
chatelet-theatre.com
 
Photo © Marie-Noëlle Robert

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