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​« Sonne, sonne, cor de postillon ! » par l’Ensemble Artifices – Un voyage plein de surprises – Compte-rendu

 

L’Ensemble Artifices a le goût « du baroque naturaliste pour petits et grands », comme il l’annonce fièrement sur son site internet. Sa fondatrice, la violoniste Alice Julien-Laferrière (photo à g.) , affiche une réelle curiosité pour les instruments atypiques, comme la serinette, le flageolet d’oiseau ou les cloches. On ne s’étonnera donc pas que cet ensemble attachant ait choisi le cor de postillon comme thème de son nouveau programme.

« Sonne, sonne, cor de postillon ! » est à la fois un coffret-CD qui vient de sortir chez Seulétoile (1) et un spectacle donné au musée de la Poste à Paris. Le lieu s’imposait par la thématique du concert bien sûr, mais aussi en raison du partenariat déjà ancien qui lie l’Ensemble Artifices et La Poste.
Monter tout un programme autour du cor de postillon n’est pas chose aisée. Les possibilités techniques de l’instrument se résument à un simple saut d’octave, ce qui a évidemment bridé l’inspiration des compositeurs. Le disque nous donne pourtant à entendre un très étonnant Concerto à 4 pour cor de chasse et cor de postillon de Johann Beer (1655-1700), Jean-François Madeuf, le corniste, jouant alternativement des deux instruments. En l’absence du corniste, le concert de présentation du CD a permis de d’écouter (et souvent de découvrir) des extraits d’œuvres qui évoquent le cor de postillon ou le trot d’un équipage. C’est le royaume de l’illusion chère à l’époque baroque.

© Thierry Geffrotin

Portés par leur enthousiasme communicatif, Alice Julien-Laferrière (violon), Cécile Vérolles (violoncelle) et Kazuya Gunji (clavecin) nous ont offert un très beau florilège musical. Le voyage nous a emmenés sur toutes les routes de la poste du XVIIIsiècle en compagnie de Vivaldi (Concerto RV 363 « O sia il corneto da posta »), Telemann (Gigue de la Sonate en ré majeur pour violoncelle et basse continue), François Duval (Rondeau « Le courrier ») ou Caix d’Hervelois (La diligence du Livre I des pièces de viole). Même Bach était du voyage avec son Aria di Postiglione, tirée d’une œuvre de jeunesse composée à l'occasion du départ de son frère aîné pour la Suède.
Mais la fête aurait été incomplète sans la présence du postillon lui-même. Philipp Vohringe (photo à dr.) a endossé les habits de ce personnage célèbre en son temps dans toute l’Europe centrale, haut en couleurs, buveur, hâbleur et content de lui, qui allait de ville en ville et annonçait son arrivée en faisant sonner son cor.

Le clown-comédien-danseur a cité le grand voyageur et musicologue Charles Burney (qui vouait aux gémonies le cor de postillon) et les interventions comiques de ce postillon plus vrai que nature ont enrichi un très joli spectacle dont on espère qu’il sera souvent redonné. En attendant ce plaisir, le disque est une invitation au voyage et le coffret qui prend évidemment la forme d’une lettre est riche de fiches fort documentées et magnifiquement illustrées sur la poste au XVIIIsiècle et ... sur le cor de postillon !

Prochain rendez-vous avec l'Ensemble Artifices le 25 mars à Pontoise (2), dans un programme jeune public intitulé "Papa Bach !"
 
Thierry Geffrotin

Paris, Musée de la Poste, 17 mars 2022
 
(1) seuletoile.fr/sonne-sonne-cor-de-postillon-es-ruft-das-posthorn/
 
(2) festivalbaroque-pontoise.fr/fr/vendredi-25-mars-2022-19h30-ensemble-artifices-dome-pontoise
www.ensembleartifices.fr/
 
Photo © Thierry Geffrotin

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