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Luis Fernando Pérez à la Folle Nuit Mirare - La suprise Mompou - Compte-rendu

Il y a deux ans, la 1ère Folle Nuit Mirare à Gaveau avait permis d’entendre pour la première fois à Paris l’un des plus magnifiques représentants du piano espagnol actuel : Luis Fernando Pérez. Ce dernier était de retour il y a peu pour la 3ème Folle Nuit.
A la différence du récital de 2010, dédié à Granados, Pérez propose cette fois un programme plus varié mais non moins séduisant. Les deux sonates (en sol mineur et en ré majeur) de Soler montrent son aptitude à saisir l’humeur de chacune des miniatures avec une palette sonore riche et nuancée et sans forcer l’expression. Cette justesse de ton, cette aptitude à saisir l’instant, ce naturel singularisent tout autant la belle anthologie Soler que l’artiste a enregistrée (Mirare). A quels miracles faudrait-il s’attendre si Pérez se décidait à approfondir le chapitre scarlattien…

On n’est pas moins séduit par les Granados : disposés autour de la transcription par le compositeur de l’Intermezzo de l’opéra Goyescas (une pièce que Pérez a tenu à insérer dans le cours de son récent enregistrement des Goyescas), Quejas, o la maja y el ruiseñor est porté par un art du clavier aussi subtil qu’évocateur, tandis que la ballade El amor y la muerte, vécue jusqu’au bout de l’âme, laisse l’auditeur coi d’admiration. Albéniz et le soleil de Triana apportent une bouffée d’oxygène après ce moment d’une rare intensité émotionnelle.

Soler, Granados, Albéniz : si la réussite de Pérez chez des compositeurs où l’on a l’habitude de l’entendre n’étonne pas, la – bonne – surprise de son récital à Gaveau provient des quelques Mompou qui y figurent. L’univers “zen”, comme le qualifie le pianiste, du compositeur catalan ne lui réussit pas moins en effet. La Fuente y la Campana et El Lago, deux pièces tirées des Paisajes, et le n°6 des Chansons et Danses, le montrent en parfait accord avec la prégnante et secrète poésie de l’auteur de Suburbis. Puisse le disque se faire l’écho de ces affinités.

Alain Cochard

Paris, Salle Gaveau, 1er avril 2012

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Photo : DR
 

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