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Le Vocalconsort Berlin à l’Oratoire du Louvre - Rhétoricien inattaquable - Compte-rendu

Le Vocalconsort Berlin n'a cessé de chanter, si j'ose dire, dans la cour des grands depuis ses glorieux débuts au festival d'Innsbrück 2003 sous la direction de René Jacobs. La remarquable versatilité de l'ensemble, au service d'une musicalité hors du commun, le rend opérationnel tant en quatuor solo qu'en formation au grand complet (une vingtaine de choristes, hommes et femmes, outre un continuo de violone et d'orgue).

Sans doute, la pente naturelle de la formation est le Baroque, mais ses incursions dans les répertoires romantique et contemporain sont fréquentes, lui assurant une notoriété qui n'est pas usurpée.

Fort de cette réputation pluraliste, l'ensemble avait quasiment rempli l'Oratoire du Louvre ce vendredi 27 janvier dans une programmation où a priori il n'a pas de maître : quatre motets de Jean-Sébastien Bach et deux Cantiones sacrae du précurseur Heinrich Schütz, tirées du recueil de 1625. De fait, sous la conduite du Néerlandais Daniel Reuss, le Vocalconsort impressionne, associant ferveur et discipline en orfèvre, avec la caution d'un don oratoire parfaitement accordé aux affects de ces deux exceptionnels musiciens du Verbe.

Reste que le captivant piétisme schützien, réduit ici à deux compositions, n'était en fait qu'une introduction, face à des symboles aussi signifiants que le Jesu meine Freude, BWV 227, où Bach a été salué du titre d' «architecte suprême», ou le festif Singet dem Herrn, BWV225 à double choeur, si prisé des ensembles maîtrisiens.

Certes, avec le Vocalconsort, il n'est pas question de son maîtrisien, mais de juste zèle et de métier. Mesuré à ces repères, l'imparable savoir-faire des Berlinois se vérifie une fois encore. Quitte, au terme de la soirée, à nous laisser plus ou moins sur un sentiment diffus d'insatisfaction, faute de ce qu'il faut bien appeler l'état de grâce, la simple émotion comptant plus, en définitive, que l'art associé à la manière.

Roger Tellart

Paris, Oratoire du Louvre, 27 Janvier 2012

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Photo : Hans Scherhauhfer
 

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