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Compte-rendu : Tugan Sokhiev et le Mahler Chamber Orchestra - Bonheur partagé


Chef charismatique de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev se présentait avec le Mahler Chamber Orchestra devant le public parisien. Le programme consacré uniquement à Beethoven avait valeur de test et le style parfait de Sokhiev a su s’adapter avec bonheur aux conditions d’une phalange constituée d’excellents musiciens jouant dans l’esprit de la musique de chambre.

Sobre mais efficace dans Coriolan, Sokhiev est un accompagnateur respectueux des intentions du soliste dans « L’Empereur » de Beethoven. Nicholas Angelich donne en effet de cette partition héroïque une lecture intériorisée qui refuse la violence, le conflit, la dialectique des contraires au nom d’une exécution réfléchie, voire pesée (dans les éclats de l’Allegro initial ou la fougue du Rondo final) qui prend son temps et réussit à domestiquer un piano un peu mat (Adagio). Le bis (Rêverie des Scènes d’enfants de Schumann) offre une réponse sensible à cette conception pondérée.

Dans la Symphonie n°7, soucieux à la fois des dimensions rythmiques et mélodiques, du caractère apollinien et dionysiaque de cette « Apothéose de la danse », Sokhiev attache du prix aux nuances (dans l’Allegretto, les cordes vibrent à peine) pour se libérer dans un Presto final incandescent à la pulsation souverainement contrôlée. Le bis (Ouverture des Noces de Figaro de Mozart) est enlevé avec brio par une formation heureuse à l’évidence de jouer sous la conduite d’un tel maestro.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 13 février 2011

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Photo : DR

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