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Compte-rendu : Journées Charles Bordes de Tours - la résurrection d’un illustre inconnu

Charles Bordes (1863-1909), originaire de Vouvray, jouissait de son vivant d’une célébrité qui s’est délitée au fil des années. Les Journées organisées à Tours sous la direction artistique de Michel Daudin ont permis de mettre en valeur une partie de l’œuvre d’un compositeur fondateur de la Schola Cantorum (avec D’Indy et Guilmant), maître de chapelle de l’Eglise Saint-Gervais et disciple fidèle de César Franck qui, avant Bartók, se livra à des travaux d’ethnomusicologie sur les musiques populaires basques ou la chanson folklorique française. Décédé prématurément à 46 ans des suites d’une attaque cérébrale, Charles Bordes mérite incontestablement l’intérêt que lui portent les responsables de cette manifestation. La qualité des pièces pour piano (Quatre Fantaisies Rythmiques) très modernes d’inspiration, interprétées avec l’agilité digitale et l’intelligence musicale de François-René Duchâble, puis les Mélodies sur des poèmes de Verlaine chantées de manière expressive et avec une diction exemplaire par la soprano Françoise Masset, en portent le témoignage vibrant.

En seconde partie de ce concert donné le matin à l’Université François Rabelais de Tours, Duchâble, très en verve, fait corps avec le Quatuor Ysaÿe dans le célèbre Quintette de César Franck, emporté par un lyrisme contagieux. L’après-midi, dans la nef de la Cathédrale Saint-Gatien, Michel Corboz à la tête de son Ensemble vocal de Lausanne, révèle comme à l’accoutumée une tendresse et une humanité à fleur de peau dans la transcription réalisée par Joris Lejeune des Sept Paroles du Christ en Croix (1859) de Franck, et plus encore dans les Sept Paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix (1855) de Gounod, d’une limpidité et d’une clarté polyphonique dignes de Palestrina. Les solistes, en particulier l’excellent baryton Peter Harvey, communient d’un même élan dans cet hommage rendu à Charles Bordes à travers deux maîtres de la musique française auprès desquels il ne dépare pas.

Michel Le Naour

Journées Charles Bordes – Tours, Salle Thélème et Cathédrale Saint-Gatien, 8 novembre 2009

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Photo : DR
 

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