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​Adèle Charvet et Le Consort au Festival de Saint-Denis –Soleil italien – Compte-rendu

Quelle artiste ! Une voix magnifique bien sûr, mais aussi une musicienne consommée qui force l’admiration par l’étendue de son répertoire. Quelques mois après une Mélisande remarquée à l’Opéra de Rouen (1) et une journée seulement après la fin d’une série de Carmen à l’Opéra de Bordeaux, Adèle Charvet (photo) était au rendez-vous du Festival de Saint-Denis pour un programme partagé avec le Consort de Justin Taylor, l’un des ensembles en résidence (2) de la manifestation cette année.
 
Le Consort aurait-il décidé de se spécialiser dans les collaborations avec les voix de mezzo ? Il choisit en tout cas ce que la nouvelle génération française compte de meilleur. On le retrouve en effet souvent au côté d’Eva Zaïcik, artiste avec laquelle il a déjà signé deux très beaux enregistrements pour Alpha. La collaboration qui s’amorce en parallèle avec Adèle Charvet s’annonce tout aussi prometteuse (l’enregistrement d’un disque Vivaldi est prévu en début d’année prochaine chez Alpha).
Pour l’un de leurs premiers concerts de retour à la vie « normale » – avec public – les musiciens ont choisi un programme sous le signe de l’Italie – chaleureusement accueilli par l’auditoire !  C’est d’ailleurs au début de la période que le jeune Haendel passa dans la péninsule que fut écrite la Cantate Alpestre Monte (1707) qui ouvre le concert. Une parfaite entrée en matière, défendue avec autant d’expressivité que de délicatesse dans le coloris.
 
Le Consort (Théotime Langlois de Swarte, Hannah Salzenstein, Justin Taylor & Sophie de Bardonnèche) © leconsort.com

Reste que part du lion revient à Vivaldi, ce dont nul ne saurait se plaindre quand il est servi avec autant d’art. Qu’il s’agisse du « Siam navi all’onde algenti » de L’Olimpiade, du Motet In turbato mare irato ou du « Alma oppressa da sorte crudele » de la Fida ninfa, Adèle Charvet éblouit évidemment par l’homogénéité de son instrument, sa justesse d’intonation et la confondante aisance de ses vocalises. Plus encore, elle captive par l’intelligence et l'engagement avec lesquels elle tire parti de chaque note pour exprimer le suc poétique de la musique. Le da capo n’est pas une convention d’écriture mais une porte ouverte à son imagination, qui peut il est vrai compter sur l'active complicité et la palette foisonnante du Consort (rejoint par les archets de l’altiste Clément Batrel-Génin et du contrebassiste Hugo Abraham).
 
A côté de ces pages fameuses du Rosso, une place a été réservée à la rareté avec deux mélodies de la compositrice milanaise Maria Teresa Agnesi (1720-1795)  – Non piangete et Afflitta e misera – restituées avec une intériorité et une noblesse très prégnantes. Ces pièces ajoutent à la variété et à l’équilibre d’un programme sans entracte qui présente aussi un volet instrumental : les violons de Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche font merveille dans la Sonate op. 1 n° 4 de Giovanni Battista Reali, tout comme dans la Sonate en trio op. 1 n°1 de Vivaldi où les jeunes membres du Consort manifestent une stimulante inventivité (suprenant et séduisant Adagio !).
 
Alain Cochard

(1) www.concertclassic.com/article/pelleas-et-melisande-lopera-de-rouen-streaming-les-tortures-de-golaud-compte-rendu
 
(2) avec La Cappella Mediterranea de Léonardo García Alarcón et Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas
 
Saint-Denis, Légion d’honneur, 13 juin 2021. Festival de Saint-Denis, jusqu’au 29 juin 2021 : festival-saint-denis.com/fr/

Photo © adelecharvet.com 

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