Inépuisable, le corpus lyrique rossinien semble l’être cette année encore pour la nouvelle édition du Festival de Pesaro qui affiche deux raretés : Sigismondo et Demetrio e Polibio. Le second est assez pâlement distribué et l’ouvrage a connu quelques tentatives de repêchage, justifiées par le jugement de Stendhal, qui, aveuglé, y voyait l’un des chefs-d’œuvre de son auteur. Il fut en tous cas son premier essai lyrique, tout entier écrit dans la fascination de Mozart. Pour Sigismondo, qui met en œuvre une intrigue polonaise et fit un flop magistral à la Fenice de Venise le 26 décembre 1814, le silence s’est refermé sur lui, malgré une tentative infructueuse menée avec acharnement par Robert Bonynge en 1992 sur les scènes de Trévise et de Rovigo. Rossini, affecté par son échec, en réemploiera souvent les musiques, entre autres dans son Barbier de Séville. Pour cet incunable, le Festival a soigné son cast : Daniella Barcelona dans le rôle-titre, tentera de redonner toute sa complexité psychologique au souverain polonais, Antonio Siragusa ne fera qu’une bouchée de l’écriture très virtuose que Rossini inflige à Ladislao, une régie confiée à Damiano Michieletto, et dans la fosse l’excellent Michele Mariotti. Ce sera assurément l’événement de cette édition qui propose également l’inusable Cenerentola selon Ronconi.

Jean-Charles Hoffelé

Festival Gioacchino Rossini de Pesaro
Du 9 au 23 août 2010

Sigismondo, les 9, 12, 15, 18 et 21 août
Demetrio e Polibio, les 10, 13, 16 et 19 août

www.rossinioperafestival.it

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Jean-Charles Hoffelé

Photo : DR