Journal
Sélim Mazari aux « Solistes à Bagatelle » - Au pied levé ! – Compte-rendu
Prévenu samedi en début de soirée de la défection de Nathanaël Gouin, souffrant, Sélim Mazari (photo) remplaçait son collègue et ami dimanche après-midi en ouverture de l’édition 2018 des « Solistes à Bagatelle ». Il y a un bon petit moment déjà (1) que l’on suit avec attention ce jeune artiste (né en 1992) qui, à chaque apparition, confirme un peu plus les espoirs que l’on a placés en lui à ses débuts. Les circonstances de sa prestation à l’Orangerie ne rendent que plus admiratif du niveau du récital qu’il y a offert.
Sonate K. 87, rêveuse et comme en apesanteur, suivie de la K. 162, pas moins magique, d’une sonorité ambrée, pleine mais jamais pesante : rien de tel que Scarlatti pour ouvrir un programme ! D’emblée, le public est sous le charme. Et voici bientôt Mazari confronté à la Sonate n° 31 de Beethoven. Autorité, sens architectural – quelle clarté, quelle assurance dans la conduite des deux fugues ! – vont de pair avec une manière humaine, simple et émouvante d’explorer un opus – sans dédicace ... – où la part la plus secrète du génie beethovénien s’offre à l’auditeur. Le compositeur allemand fait partie des projets du pianiste ; d’évidence il fait un bon choix en s’engageant dans cette voie – d’autant que 2020, année Beethoven, approche ...
Changement total d’atmosphère avec Debussy : Cloches à travers les feuilles et Poissons d’or sont servis par une palette de couleurs d’une rare richesse. Merveilleuse chimie harmonique toute de mystère et de prégnante poésie ... Elle tend la main à Chopin, convié en conclusion. Du Nocturne op. 55 n° 1, on aime la fluidité, le naturel absolu du chant, tout comme de l’irruption de son orage médian, pleinement vécu sans rien de surexposé. Même satisfaction à l’écoute de l’archi-rebattu Scherzo n° 3 où Mazari privilégie toujours la narration, jusqu’au terme de la coda - vertigineuse et magistralement dominée !
En bis, «La Fileuse » de Mendelssohn, on ne peut plus libre et ailée, conclut une heure de bonheur sans mélange en compagnie d'un magnifique artiste. Suivez-le de près !
Alain Cochard
(1) On vous en parlait déjà en 2012, à l'occasion du Concert Révélations Adami à Prades : www.concertclassic.com/article/les-revelations-classiques-de-ladami-au-festival-de-prades-vers-lavenir-compte-rendu
Paris, Orangerie de Bagatelle, 2 septembre 2018.
Les Solistes à Bagatelle, jusqu’au 16 septembre 2018 : https://ars-mobilis.fr/2018/solistesabagatelle2018/
Photo © Benjamin Bezias
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