Journal

Saint-Denis - Compte-rendu : Appel du pied ?


Les aficionados présents à Nîmes pour la mano a mano Castella-El Juli vendredi 2 juin ne sont pas près d’oublier cette tarde - et ce maudit mistral qui a tant compliqué la tâche des toreros ! Point gâté par le bétail et dans un jour « sans », El Juli déçoit certes – mais les sifflets qui fusent ne sont franchement pas très dignes… La sortie triomphale par la porte des Consuls sera pour Sébastien Castella, en état de grâce et aidé par les éléments… « Castella, il devrait bosser à EDF. Il est capable de couper la ventilation rien qu’en entrant sur la piste », dit un spectateur. « Ouais, c’est ça, Castella c’est le mec qui arrête le vent », acquiesce son voisin ! On entend des brèves d’anthologies aux arènes…

Quelques jours auparavant un autre maestro, de la baguette celui-la, faisait des miracles à la Basilique de Saint-Denis… « Muti, pourrait-on dire en paraphrasant le mot de l’aficionado nîmois, c’est le chef qui fait oublier l’acoustique de la Basilique Saint-Denis. » Qualifier celle-ci de difficile relève de l’euphémisme… A peine commencé le Kyrie de la Messe de Chimay de Cherubini, le magicien des sons nous avait déjà fait oublier les défauts du lieu ! Il est vrai que Muti n’en est pas à son premier passage ici, puisque ce concert referme un cycle triennal Cherubini/Muti au Festival de Saint Denis.

Cherubini-Muti : on ne saurait imaginer association plus naturelle. Depuis Toscanini (auteur d’un mémorable enregistrement du Requiem à la mémoire de Louis XVI), nul maestro n’a mieux que lui compris et ressenti l’art d’un compositeur à mi-chemin entre deux époques. Et puis, ce mercredi 31 mai, le bonheur de l’auditeur tenait beaucoup aussi à l’entente extraordinaire au sens plein du terme de l’Orchestre National de France avec le maestro italien. On enfonce une porte ouverte en l’écrivant : Muti est aujourd’hui le seul chef à obtenir pareil résultat, pareil déploiement de radieuse santé de la part de cette phalange. Et le Chœur de Radio France n’est pas en reste, galvanisé lui aussi par une baguette au geste étonnamment sobre, ni l’excellent trio vocal (Ruth Ziesak, Herbert Lippert, Ildebrando d’Arcangelo). L’architecture de la Messe de Chimay se déploie avec autant de fièvre et de puissance que de raffinement. Un chef-d’œuvre méconnu se révèle à l’auditoire.

De généreux applaudissements accueillent la prestation de Muti qui, après être venu plusieurs fois saluer en compagnie de ses trois solistes, revient seul sur scène. Trépignements de pieds des choristes et des musiciens… Appel du pied ? Le contrat de Kurt Masur avec le National arrivera à terme à la fin de la saison 2007-2008. On s’est pris un instant à rêver…

Alain Cochard


Basilique de Saint-Denis
31 mai


Les dvd enregistrés par Riccardo Muti.



Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles